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leuses prononcées sous l’inspiration de Dioscore, Dans le nombre furent celles d’Eusèbe de Dorylée et de Théodoret, mesures dictées par un sentiment de justice, mais plus équitables que canoniques, au jugement de beaucoup d’Orientaux. En marchant de ce pas, avec prudence, la réparation du mal pouvait s’opérer progressivement, sans secousse et sans éclat. Dans l’état d’anarchie où les esprits étaient plongés, Léon pensa que cette médecine lente et modérée convenait mieux au malade que le remède bruyant d’un concile œcuménique. Revenant donc de sa première idée, sur laquelle il avait tant insisté du vivant de Théodose, il cessa tout à coup de la soutenir près de Marcien et finit par la combattre : bonne avec un gouvernement ennemi déclaré, elle ne l’était plus avec un ami. Ses dernières lettres, que nous avons encore, furent un éloquent plaidoyer contre les premières. « Il nous suffit de votre zèle, écrivait-il à Marcien : la paix rentre dans l’église, et par l’église dans l’état. Contentons-nous de ce que Dieu vous inspire, et ne provoquons plus de ces discussions funestes dont l’impudence seule est un scandale. Évitons de remuer des questions impies et déraisonnables que le Saint-Esprit nous enseigne à étouffer dès qu’elles s’élèvent; il n’est pas bon d’examiner ce qu’il faut croire, comme s’il y avait lieu d’en douter; et l’on doit tenir pour certain aujourd’hui que les sentimens d’Eutychès sont impies, et que Dioscore a failli à la foi en condamnant Flavien. » Cela était vrai, et les contestations de cette nature, quel qu’en soit le résultat, offrent toujours un danger; mais l’avis du pape venait trop tard, lui-même avait sollicité trop ardemment la réunion d’un nouveau concile, et cette idée, préconisée par tout le parti catholique, avait pris racine dans trop de têtes pour qu’il fut possible de l’en arracher. C’est ce que Léon finit par reconnaître.

Battu sur ce point, il demanda que du moins l’assemblée se tînt en Italie; les raisons en étaient évidentes à ses yeux: il les avait longuement déduites dans sa correspondance avec l’empereur défunt; mais ici encore il trouva dans Marcien et dans Pulchérie une opposition inébranlable. « Le scandale a eu lieu en Orient, répondaient-ils, la réparation doit avoir lieu en Orient. » — Repoussé dans ses derniers retranchemens et ne voulant pas compromettre l’union si heureusement rétablie entre l’église et le souverain d’Orient, il céda encore cette fois, en mettant à son concours et à la présence de ses légats dans le concile des conditions qui furent officiellement discutées à Constantinople. Ce fut comme une négociation de puissance à puissance, et ainsi se trouva lié l’empereur Marcien.

Le pape exigeait : 1° que l’empereur assistât au concile afin de