Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/720

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le même pied qu’à Anvers ; il a été établi au Havre et à Rouen ; Marseille, Lyon, l’ont également adopté.

Dans les écoles de commerce d’Amérique, le bureau fonctionne autrement qu’à Anvers. A l’université de MM. Bryant et Stratton, qui ont établi des succursales dans les principales villes des États-Unis (à Brooklyn, près New-York, Chicago, San-Francisco, la ville elle-même du Lac-Salé, capitale des Mormons), il est divisé en plusieurs sections : le bureau proprement dit, puis la banque, l’assurance, l’agence des transports, la compagnie maritime. Dans le bureau, l’élève tient le journal, le grand-livre, le livre de marchandises, dresse des factures, des comptes de vente, échange des correspondances ; dans la banque, il fait l’office de commis de chèques, de caissier, il négocie des titres ; à l’assurance, il rédige des polices, règle des avaries ; à l’agence des transports, il écrit des lettres de voiture ; à la compagnie maritime, des connaissemens. Il passe ainsi par toute la succession des opérations commerciales, et cela très rapidement, à l’américaine. Aux États-Unis, on entend consacrer le moins de temps possible à l’éducation théorique, et aborder les affaires dès la première adolescence. L’université de MM. Bryant et Stratton publie un journal commercial mensuel. Ce journal donne les principales nouvelles qui peuvent intéresser les hommes d’affaires, des prix courans de marchandises, des correspondances de l’étranger. Contrairement aux usages américains, il donne aussi, comme nos journaux, un feuilleton. Un autre trait curieux de ces écoles, c’est qu’elles admettent des élèves des deux sexes sans qu’il en résulte aucun désordre.

Le collège commercial national de Poughkeepsie (état de New-York), fondé par M. Eastmann, fonctionne un peu différemment de celui de MM. Bryant et Stratton. D’abord il est concentré dans un seul établissement et n’a aucune succursale. L’élève reçoit une certaine quantité de monnaie fictive, avec laquelle il achète et vend des marchandises représentées aussi par des signes conventionnels ; il échange des factures, inscrit les écritures sur les livres, puis devient successivement détaillant, marchand à la commission, assureur, expéditeur, changeur, courtier, commis de douane, banquier. La balance générale qu’il fait de toutes les opérations, établies jour par jour avec les prix-courans de la place de New-York, lui indique si, en fin de compte, il a gagné ou perdu ; après quoi il quitte les bancs de l’école et entre immédiatement dans la vie réelle des affaires, non sans avoir essayé d’acquérir, avec la connaissance des opérations de bureau, une belle écriture. Les Américains ont tenu à honneur que la calligraphie fût pratiquée chez eux encore mieux qu’elle ne l’est en Angleterre.