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Anatolius. « Puisqu’il y a des doutes sar la foi, répétaient-ils, il faut les éclaircir, et l’archevêque s’adjoindra les hommes les plus propres à rassurer les consciences; l’empereur vous donne cinq jours pour vous entendre. » Quelques évêques réclamèrent la lecture de la seconde lettre de Cyrille à Nestorius et la lettre du même père aux Orientaux; on s’abstint de lire la troisième à Nestorius, qui renfermait les anathématismes. On lut aussi en grec la lettre de Léon, qui fut interrompue en plusieurs endroits par les protestations des évêques d’Illyrie et de Palestine. Les magistrats profitèrent de ces oppositions pour montrer la nécessité d’une définition nouvelle, et les discussions sur la foi furent renvoyées à cinq jours de là.

Ils levaient la séance quand un mouvement de l’assemblée les retint. Les évêques d’Illyrie et de Palestine, c’est-à-dire la fraction du parti de Dioscore ralliée au côté gauche, demandèrent par acclamation qu’on rendît les pères au concile. Ils entendaient par là Juvénal de Jérusalem, Thalassius de Césarée, et les autres vice-présidens du faux concile d’Ephèse qui avaient été déclarés par les magistrats complices des violences de Dioscore; plusieurs réclamaient Dioscore lui-même. « Nous prions pour nos pères, disaient-ils, rendez-les au concile. Portez nos prières à l’empereur, portez-les à l’impératrice; nous avons tous péché, qu’on pardonne à tous! » Au nom de Dioscore, les Orientaux se soulevèrent avec indignation. « Non, non, s’écrièrent-ils; que l’Égyptien soit banni! » Mais les Illyriens reprenaient : « Rendez Dioscore au concile ; nous avons tous failli, pardon pour tous! — Ceux qui demandent le pardon de Dioscore ne sont pas nombreux, dirent les clercs de Constantinople aux magistrats; ce n’est pas là le concile. » Les magistrats, interrompant les cris, dirent aux évêques : « Ce qui a été prononcé sera exécuté. » Ainsi finit la seconde action.

L’objet de la première, on se le rappelle, avait été de constater les faits du brigandage d’Éphèse et d’en rechercher les auteurs; il restait maintenant à faire aux coupables l’application des peines canoniques : ce fut l’objet de la séance qui se tint le 13 octobre, cinq jours après l’autre. Lors de la première action, le concile était constitué en cour de justice, sous la présidence des magistrats; il se forma cette fois en assemblée purement ecclésiastique, ayant à appliquer les lois de l’église. Les légats du pape ou les Romains, comme on les appelait, présidèrent conformément à la convention passée entre le pape Léon et l’empereur Marcien. Pasdiasinus, chef de la légation, dit, en occupant le siège de la présidence, qu’il « le faisait au lieu et place du très saint archevêque de la ville de Rome et par son ordre. »

Le droit romain, on le sait, ne connaissait pas, comme le nôtre, l’institution d’un ministère public chargé de poursuivre, au nom