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fusionner avec les autres, et de la rendre neutre comme elles, en faisant toutefois quelques réserves ; destinées à sauvegarder les positions acquises, et à ménager la transition. Ces réserves consisteraient à stipuler que, pour un certain nombre d’années, l’administration du terrain de la concession serait continuée par une délégation d’une municipalité générale commune à toutes les concessions, délégation dans laquelle entreraient un certain nombre de Français. Le consul de France servirait toujours d’intermédiaire entre le conseil municipal et l’autorité chinoise pour les questions relatives à la concession, rôle que les consuls anglais et américains remplissent pour ce qui regarde les concessions voisines. Enfin la police serait placée sous les ordres du conseil électif.

Nous avons encore en Chine des concessions ailleurs qu’à Shanghaï, par exemple dans les ports de Tien-tsin et de Canton. De celles-ci, nous ne dirons qu’un mot : comme il ne s’y trouve et ne s’y trouvera pas de longtemps un seul négociant français, le vrai parti à prendre est de nous en débarrasser le plus vite possible et de les rendre au gouvernement chinois.


II

Le moment est venu pour la France de s’occuper d’une question que l’Angleterre a déjà traitée, et qu’elle a même tranchée d’une manière fort inattendue, celle de la révision des traités conclus à Tien-tsin en 1858 et ratifiés en 1860. Il fut stipulé alors que les tarifs de douane et les arrangemens relatifs au commerce pourraient être révisés et remaniés. Cette révision, pour la France, doit même être entendue dans un sens plus large et peut s’appliquer à tout son traité. L’Angleterre avait stipulé un délai de dix ans et la France un délai de douze ans avant la révision. Le moment était donc venu pour les Anglais en 1870 ; pour nous, il échoit en 1872. Or, des deux classes de nationaux que nous avons en Chine, les négocians et les missionnaires, les premiers n’ont pas d’autres intérêts que ceux mêmes du commerce anglais ; quant aux seconds, il faut dire qu’en fait d’avantages et de privilèges ils n’ont plus rien à obtenir, les traités leur accordant tout ce qu’ils peuvent désirer.

En ce qui regarde les intérêts du commerce, les rapports si complets que le cabinet de Londres a obtenus au sujet de cette révision, tant de ses agens que des chambres de commerce des différens ports de la Chine, suffisent à nous éclairer ; on ne peut rien ajouter aux argumens que renferme le blue book présenté aux chambres britanniques. De 1868 à 1870, tout le commerce anglais