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je défendrai les institutions et la religion de la cité. Je ne laisserai pas à mes descendans la patrie plus petite que je ne l’ai reçue de mes pères, mais plus forte et plus grande. J’accepterai toujours les décisions des juges. J’obéirai aux lois existantes et à toutes celles que le peuple, d’un accord unanime, établirait dans la suite. Si quelqu’un cherche à détruire les lois ou à y désobéir, je ne le souffrirai pas, et je les défendrai seul ou avec le secours de tous. J’honorerai les dieux de mes pères. J’invoque pour témoins de ce serment ces dieux-ci : Aglauros, Enyalios, Arès, Zeus, Thallo, Auxo, Hégémoné. »


Il y a là des promesses, il y a surtout une phrase qui dut plus d’une fois, dans le cours de ce triste siècle, revenir à l’esprit de Démosthène et des quelques hommes qui, sans être découragés par la défaite, luttèrent avec lui jusqu’au dernier soupir pour conserver à Athènes son indépendance républicaine et sa haute situation dans le monde grec. Nous aussi, pouvons-nous répéter sans émotion ces fortes paroles, nous, les fils d’une génération qui a laissé violer les lois, il y a vingt-cinq ans, sans presque rien tenter pour les défendre, nous qui, pour expier cette faute de nos pères, transmettrons à nos descendans la patrie non « plus forte et plus grande, » mais « plus petite que nous ne l’avons reçue de nos aïeux ? »

Après ces deux années de préparation, les jeunes gens, que l’on appelle encore parfois, en étendant l’emploi du terme, des éphèbes, servaient pendant deux autres années dans une sorte de garde mobile, où ils achevaient de prendre les habitudes militaires. On les emmenait, pendant les mois d’été, camper sur les montagnes ; on leur faisait faire des patrouilles, d’où venait le nom que portait cette milice, (ceux qui se promènent en armes pour garder le territoire). En cas de guerre, ils formaient avec les vieillards la garnison des forteresses situées sur le sol de l’Attique. C’était seulement quand ils avaient dépassé leurs vingt ans qu’ils étaient incorporés à l’armée active et qu’on exigeait d’eux le service régulier du fantassin ou du cavalier.

La majorité civile précédait ce que l’on pourrait appeler la majorité militaire. On l’atteignait au sortir de l’éphébie, c’est-à-dire à dix-huit ans. Dans le mois de skirophorion, qui correspondait à peu près à notre mois de juin et qui terminait l’année attique, chaque dème ou commune mettait au courant son registre de l’état civil. Il s’agissait ici d’admettre le jeune homme dans cette association politique qui formait la cité, et non plus dans ces groupes d’un caractère tout primitif, patriarcal et religieux, que l’on appelait races et phratries. C’était le