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aisément observée, aucun exercice de piété, aucun enseignement dogmatique ne peut avoir lieu qu’au commencement et à la fin des classes. Un tableau indiquant les heures des pratiques ou des leçons religieuses doit être constamment affiché sur les murs de l’école. Aussi le législateur, anglais donnait-il à une telle disposition le nom de time-table conscience clause, en ce sens qu’elle était destinée à protéger par la division du temps la conscience des enfans contre les doctrines qui désavouaient leurs familles. Les inspecteurs du gouvernement doivent se borner à examiner les élèves en matières profanes. D’autre part dans les nouvelles écoles confiées à la direction des conseils locaux, school boards, et qu’on peut considérer comme les types du moderne système, l’enseignement du catéchisme ou de tout autre formulaire religieux est interdit. Là s’arrêtaient les concessions du ministère.

Le débat s’ouvrit le 16 juin 1870 : il fut vif et mémorable. M. Bright demandait que l’instruction religieuse fût donnée en dehors des heures de classe, qu’elle ne rentrât point dans les attributions du maître d’école, et qu’elle ne fût en aucun cas payée par les deniers publics. Cet amendement fut repoussé par le vote de la chambre. D’un autre côté, le ministre, M. Forster, affirmait que l’intention du gouvernement ne devait donner lieu à aucune équivoque : il voulait que l’enseignement distribué dans les écoles ne fût ni dogmatique ni entaché d’esprit de secte. Le principe de la gratuité fut rejeté par la chambre des communes, mais la loi autorisa les school boards à exempter les enfans pauvres de la rétribution scolaire et même à fonder en certains cas des écoles gratuites, free schools. Il en fut de même pour l’enseignement obligatoire : l’état se refusait à lui-même le droit d’intervenir auprès des familles qui négligent d’instruire ou de faire instruire leurs enfans ; toutefois. il transmet aux conseils locaux l’exercice de la sanction pénale. Une telle loi, on le devine tout de suite, était un compromis, une transaction entre des partis irréconciliables. Ne pouvait-on combiner l’élément de progrès et l’élément de conservation, de manière à renouveler peu à peu les écoles tout en laissant debout les débris de l’ancien système ? Telle est la question que semble s’être posée le ministère anglais. et qu’il croyait avoir résolue. MM. Gladstone et Forster défendirent énergiquement cette position, attaquée à la fois par quelques membres de l’extrême droite et par MM. Bright, Dixon, Richard, Walter, Trevelyan. Les amendemens vinrent échouer l’un après, l’autre contre une majorité inébranlable. Le bill, voté par la chambre des communes, très peu modifié par la chambre des lords, reçut le 9 août 1870 la sanction royale.

Cette loi était un. progrès, tout le monde en convint. Le comité