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capital qui a été employé, et de quels élémens se compose-t-il ? Quelles sont les dépenses et les recettes ? Quel est le produit final de cette grande industrie qui nous intéresse presque tous comme associés ou comme cliens et qui nous intéresse tous comme contribuables ? Tels sont les points qu’il est utile d’éclairer à la lumière des chiffres. Il s’agit d’un compte de budget, dont il convient de parcourir les différens chapitres, si l’on veut acquérir des notions exactes sur la situation des chemins de fer.

Au 31 décembre 1869, les dépenses faites pour la construction du réseau s’élevaient à 8 milliards 217 millions. L’état y avait contribué pour 1 milliard 86 millions sous forme de travaux ou de subventions non remboursables, les départemens, les communes et divers intéressés pour 83 millions, et les compagnies pour 7 milliards 48 millions. À cette même date les compagnies avaient réalisé, soit au moyen de leur capital social ou d’actions, soit par la vente d’obligations, soit enfin par diverses rentrées provenant en général de subventions des départemens ou des communes, une somme de 7 milliards 198 millions. Il leur restait donc 150 millions disponibles pour la continuation des travaux, ainsi que la faculté d’émettre des obligations au fur et à mesure de leurs besoins. L’état, venant en aide au crédit des compagnies, a garanti pendant cinquante ans un capital de 3 milliards 988 millions à des taux qui varient de 4 à 4,65 pour 100, et sous des conditions particulières qui, d’une part, n’engagent sa responsabilité qu’à titre éventuel, et d’autre part stipulent le remboursement ultérieur des sommes payées aux compagnies en exécution du contrat. Ainsi d’après le système adopté en France, la presque totalité des dépenses de construction a été faite par des entreprises concessionnaires. Le trésor n’y est intervenu que pour un huitième ; mais il demeure intéressé à l’exploitation par la garantie dont il a couvert le crédit des six grandes compagnies.

Le nombre des actions de chemins de fer était, en 1869, de 3,217,417, et celui des obligations de 17,928,192. Ces 21 millions de titres forment aujourd’hui la portion la plus considérable de la richesse mobilière, et ils appartiennent à plus d’un million de propriétaires, les obligations garanties par l’état étant recherchées à l’égal de la rente. Ces chiffres sont bons à retenir ; ils expliquent la sollicitude que tout gouvernement sage doit accorder à une industrie qui compte dans les rangs les plus divers de la société, au plus bas comme au plus haut degré de l’échelle des fortunes, un si grand nombre d’associés. Pour les obligations, le chiffre des intérêts et de l’amortissement s’élevait en 1869 à près de 300 millions de francs. Cette somme, à laquelle s’ajoute l’intérêt du capital-actions, doit être prélevée sur les produits de l’exploitation ;