Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 103.djvu/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la guerre, et il est hors de doute que le Paraguay est dans l’impossibilité absolue de payer une telle somme. Le gouvernement impérial garantit pour cinq ans l’indépendance et l’intégrité de la république paraguayenne, qu’il se réserve le droit d’occuper pour un temps encore indéterminé. D’autre part, le gouvernement paraguayen s’engage à ne faire aucune guerre sans avoir employé auparavant les bons offices d’une nation amie. C’est là l’application de ce principe d’arbitrage que le traité de Paris de 1856 avait affirmé, et dont malheureusement les puissances de l’Europe ont fait si peu d’usage. Il y a dans le traité de l’Assomption une autre réminiscence du congrès de Paris, c’est la reconnaissance des principes consacrés dans la célèbre déclaration du 16 avril 1856 au sujet du droit maritime. Enfin, ce qui est plus important encore, ce traité de paix établit des règles pour la liberté de navigation de l’Uruguay, du Paraguay et du Parana. — Le traité de limites résout dans l’intérêt du Brésil une question depuis longtemps contestée. La nouvelle frontière forme, comme l’ancienne, une diagonale qui relie les deux grands cours d’eau, seulement elle part du 22e degré et aboutit au 24e C’est une zone de 50 à 60 lieues qui se trouve détachée de la partie septentrionale du territoire paraguayen. Le Paraguay perd ainsi 4,000 lieues carrées environ. Quant au traité d’extradition, il stipule la remise des déserteurs contrairement à la règle ordinaire, mais sous cette réserve, que la peine de mort ne pourra pas leur être appliquée.

Les trois traités avaient été signés à l’Assomption en janvier 1872. Au même moment, les Brésiliens occupaient l’île de Cerrito, qui ferme le Rio-Paraguay à son embouchure, et qui ferme également le chemin de la Bolivie, aussi bien que celui des provinces septentrionales de la confédération argentine. Dès que les traités furent connus, les journaux de Buenos-Ayres en parlèrent avec indignation, et la polémique devint très vive entre la presse de la confédération et la presse du Brésil. Cependant la princesse impériale régente ratifiait les traités le 26 mars, en dépit de la protestation du gouvernement argentin. Le 15 février, M. Carlos Tejedor, ministre des affaires étrangères de la confédération, avait adressé à M. Correia, ministre des affaires étrangères du Brésil, une note où il se plaignait très vivement de traités dans lesquels il voyait une sorte d’absorption du Paraguay par le gouvernement impérial. C’était, suivant M. Carlos Tejedor, une alliance du vaincu avec l’un des vainqueurs contre les alliés de la veille, ou un protectorat du Brésil en faveur de la république paraguayenne. Les états républicains du nord et du sud de l’Amérique, ajoutait le ministre argentin, admettraient peut-être le protectorat d’une autre république, ils comprendraient