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pays. Qu’on s’inquiète un peu moins du superflu et qu’on s’occupe de ce qu’il y a de plus sérieux, de ce qu’on peut appeler d’abord les institutions élémentaires de tout régime régulier, des grandes mesures réorganisatrices, des lois de reconstitution sociale, de toutes ces questions qui disparaissent trop souvent dans le tumulte des passions des partis et des conflits de pouvoirs ou d’influences.

Ces questions, elles sont certes assez nombreuses, elles touchent à notre état militaire, aux finances, à l’instruction publique. Tout cela se presse sous nos yeux. On a fait l’an dernier une loi sur le recrutement ; mais ce n’est là en quelque sorte que la base. Il reste à s’occuper de la vraie reconstitution militaire, de la réorganisation de l’armée active, de l’armée territoriale. Où est la loi qui doit donner satisfaction à cet intérêt souverain ? A-t-elle été préparée par la commission parlementaire qui travaille depuis plus d’un an ? Doit-elle sortir des délibérations du conseil supérieur de la guerre qui se réunit sous la direction de M. le président de la république lui-même ? Est-on arrivé à un résultat après des études si mûrement poursuivies ? Assurément personne ne peut contester ce qui a été fait depuis le fatal dénoûment de la dernière guerre pour remettre sur pied notre puissance militaire, pour relever notre armée ; malheureusement il est bien clair qu’il y a encore beaucoup à faire pour rendre la sève de la vie, la confiance, l’ordre, la discipline, à ce grand corps militaire qui se ressent des désastres d’où il est sorti mutilé, et la loi qui fixerait toutes les incertitudes, qui réglerait définitivement l’organisation nouvelle en disant à l’armée ce qu’elle doit être, aiderait sans nul doute à cette œuvre réparatrice. Et les finances ! On a discuté le budget, nous en convenons ; on a voté l’an dernier toute sorte d’impôts pour créer des ressources proportionnées aux immenses chargés qui pèsent sur nous ; mais voilà justement la difficulté. La question financière est-elle résolue par le système qui a été suivi ? Les impôts ont-ils produit ce qu’on attendait ? Suffiront-ils pour faire face à toutes les nécessités, pour maintenir un certain équilibre aussi nécessaire que difficile à réaliser ? C’est au moins le sujet du doute le plus sérieux ; la vérité est que les impôts nouveaux n’ont pas produit ce qu’on croyait pouvoir espérer. Il y a un ralentissement sensible sur les douanes, sur les postes, sur les contributions indirectes, et nous ne parlons pas, bien entendu, de l’impôt sur les matières premières, qui pour l’instant représente bien moins une ressource réelle qu’un chiffre nominal. Bref, tout bien compté, le déficit de l’année écoulée s’élève à plus de 150 millions. C’est déjà fort grave, on en conviendra, pour la première expérience d’un système financier.

Peut-on du moins avoir plus de confiance pour l’avenir et se figurer que les recettes publiques reprendront leur élan ? L’année 1873 sera-t-elle plus heureuse que l’année 1872 ? Nous voulons le croire, une cer-