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taine amélioration est possible. Il ne faut pas cependant se faire illusion, parce que le déficit tient à la nature des choses bien plus qu’à une circonstance accidentelle. Il y a en effet une limite d’aggravation au-delà de laquelle les impôts ne peuvent plus donner ce qu’on leur demande, ils sont en quelque sorte au bout de leur force de production. C’est ce qui est arrivé. On a cru l’an dernier que le meilleur moyen, le moins dur pour le pays, était de procéder par des surtaxes ajoutées aux impôts existans déjà, par des monopoles comme celui des allumettes, par des combinaisons fiscales formant une maille étroite et serrée. On n’a pas voulu admettre que ces moyens, bons peut-être dans des circonstances ordinaires où ils auraient pu être employés avec mesure, étaient complètement insuffisans dans la situation la plus extraordinaire qui ait été infligée à un peuple, et que, pour épargner au pays un sacrifice considérable, mais temporaire, on allait faire peser sur lui une charge permanente, d’autant plus fatigante qu’elle se présente à toute heure et sous toutes les formes. On voit ce qui en résulte. Le pays ne sent pas moins le fardeau qui lui a été imposé, et les impôts, poussés au point où ils n’ont plus toute leur élasticité productive, n’assurent plus toutes les ressources dont on aurait besoin. Tous les calculs sont déjoués, de telle sorte qu’on se retrouve en présence d’un problème qu’on croyait avoir résolu. Il faudra peut-être revenir sur ce qu’on a fait, recourir à des moyens nouveaux. Tout dépend de ce qui va se produire dans le mouvement du revenu public entre la discussion récente du budget de 1873 et la discussion qui s’ouvrira bientôt sans doute sur le budget de 1874. Ce sont là des questions faites pour attirer, pour intéresser les esprits prévoyans, pour ramener notre politique dans une sphère où il n’y a place que pour des contradictions sincères, loyales, utiles, fructueuses, que le gouvernement lui-même ne pourrait songer à décliner, puisqu’il y trouverait une garantie, une force de plus dans l’œuvre laborieuse qu’il poursuit avec l’assemblée.

Qu’on remarque un instant le profit qu’il y a pour tout le monde à rester, à revenir sur ce terrain des discussions sérieuses. Depuis quelques jours, un débat des plus intéressans est engagé devant l’assemblée Il y a eu, il est vrai, entre un député de la droite et M. Gauibetla un de ces conflits de paroles que le président est obligé de dénouer par un rappel à l’ordre, et qui prouvent qu’il est toujours plus facile d’échanger des interpellations violentes que de porter son contingent de lumières dans l’examen des affaires du pays. À part cette bourrasque d’un instant, la discussion est digne de la question dont l’assemblée est occupée. Il s’agit de la reconstitution du conseil supérieur de l’instruction publique, qui a disparu dans les dernières tempêtes. C’est une loi non-seulement conservatrice, mais libérale, puisqu’elle a pour objet de placer au sommet de l’enseignement public un pouvoir de surveillance élu,