Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 103.djvu/730

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hommes qu’elles honorent de leur choix. Sans doute ces académies ne sont pas infaillibles. Des savans d’un mérite reconnu ne figurent pas sur les listes des membres étrangers de telle ou telle académie, d’autres sont morts avant d’avoir pu se faire connaître suffisamment ; mais en fait le choix tombe toujours sur des hommes éminens sans acception de nationalité. Souvent inconnus personnellement de l’académie qui les désigne et vivant loin des savans qui les élisent, ils n’ont d’autres titres à leurs suffrages que leurs travaux et leurs découvertes. Le jugement de ces trois académies est considéré par tout le monde comme la consécration définitive d’une renommée scientifique.

La Société royale de Londres nomme cinquante membres étrangers pris dans toutes les sciences, en dehors de l’empire britannique. L’Académie des Sciences de Paris n’a que huit associés étrangers et cent correspondans, parmi lesquels on compte toujours de quarante à soixante-dix étrangers. L’Académie des sciences de Berlin s’adjoint : 1° seize membres étrangers, parmi lesquels figurent des Allemands ; 2° des membres honoraires, allemands ou autres ; 3° des correspondans allemands ou autres dont le maximum est de cent pour les sciences mathématiques, physiques et naturelles. En analysant et discutant les choix faits par ces trois corps savans, M. de Candolle a pu résoudre les problèmes qu’il s’est proposés, non par des appréciations personnelles plus ou moins arbitraires, mais par les résultats mêmes d’une statistique fondée sur des données numériques irrécusables.

Examinons d’abord les choix de l’Académie des Sciences de Paris parmi les savans étrangers à la France de 1666 à 1872, période pendant laquelle elle a toujours compté huit associés étrangers. M. de Candolle commence par donner la liste complète des 94 associés étrangers nommés par l’Académie, soit 52 de 1666 à 1800, et 42 dans le siècle actuel. Cette glorieuse énumération s’ouvre par le nom d’Huyghens et se termine par celui d’Agassiz ; elle comprend tous les grands noms qui ont honoré les sciences positives depuis deux siècles et témoigne hautement de la parfaite impartialité et de la profonde compétence qui président à ces choix. En limitant le nombre des associés étrangers à huit, nombre suffisant peut-être pendant le siècle dernier, l’Académie des Sciences de Paris s’est condamnée, depuis que les sciences comptait un plus grand nombre de représentans, à omettre sur cette liste bien des noms qui auraient mérité d’y figurer. Aussi l’auteur a-t-il complété ce tableau par celui des correspondans étrangers de l’Académie en 1750, en 1789, en 1829 et en 1869. Ces listes contiennent 212 noms distribués suivant les pays auxquels ces savans appartiennent.

Pour la Société royale de Londres, le dépouillement était plus laborieux. Dans l’origine, elle s’adjoignait des littérateurs, des grands seigneurs, des hommes aujourd’hui inconnus, qui n’avaient d’autres titres