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voulaient pas quitter le camp de Kurchid avant la chute de Janina, car le seraskier avait promis à ses troupes de leur payer tout l’arriéré de leur solde dès qu’il se serait emparé des trésors d’Ali. Cependant le 25 avril 1821 toute la population chrétienne de la Grèce orientale avait pris les armes. Du cap Sunium à la vallée du Sperchius, qui débouche près des Thermopyles et touche aux confins de la Thessalie, dans des centaines de villages, les familles musulmanes furent entièrement détruites. Les habitans de Thèbes et de plusieurs villages de la Béotie trouvèrent un refuge dans la forteresse de Négrepont.

Athènes n’avait plus qu’une importance secondaire ; cette ville était l’apanage du sérail. Les musulmans y formaient environ le cinquième de la population ; la garde du voïvode se composait de 60 soldats albanais. Au premier bruit de l’insurrection, les Turcs se réfugièrent dans l’Acropole.

Missolonghi fut la première place qui, dans la Grèce occidentale, épousa la cause de la révolution. Le 1er juin, les soldats qui l’occupaient se retirèrent, et le lendemain les habitans de Missolonghi et de la petite ville voisine d’Anatolikon proclamèrent leur adhésion à l’indépendance de la Grèce. La plus importante ville de la Grèce occidentale était Vrachori, située dans un district fertile sur la route qui va de Janina à Lépante. Cette ville renfermait 500 familles musulmanes, parmi lesquelles on comptait plusieurs grands propriétaires terriens dont les ancêtres avaient hérité, au temps de la conquête, des fiefs primitivement possédés par les nobles francs. Le 9 juin 1821, Vrachori fut attaquée par 2,000 Armatoles, quelques jours après par 4,000. 300 Albanais la défendaient ; ils traitèrent à part, et obtinrent de s’éloigner. Les Juifs et les Turcs furent presque tous massacrés.

Ainsi en trois mois les chrétiens s’étaient rendus maîtres de toute la Grèce au sud des Thermopyles et d’Actium, à l’exception des forteresses qui étaient bloquées. Les forteresses qui restaient entre les mains des Turcs étaient : en Morée, Tripolitza, Nauplie, Corinthe, Patras et le château de Morée, Navarin, Modon, Coron et Monembasia, — dans la Grèce continentale, Athènes, Zeitouni, Lépante et le château de Roumélie, Vonitza, — dans l’Eubée, Négrepont et Caristo.

« En définitive, écrivait l’amiral Halgan, quelle que soit l’issue de cette guerre, commencée avec quelques bâtimens de commerce, des fusils à mèche et des bâtons, le résultat actuel est celui-ci : le gouvernement ottoman n’existe plus dans la Grèce proprement dite qu’au sommet de quelques acropoles que mine la faim. Au milieu d’un pays âpre où tout est défilé, montagnes, embuscades