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environs de Madras et descendent des races aborigènes du pays ; ils parlent une autre langue et adorent d’autres dieux que la population agricole, dont ils vivent absolument séparés.

La seule industrie de Parikud est celle du sel. On obtient cette précieuse denrée soit par l’évaporation solaire, soit par l’ébullition ; le premier procédé était autrefois seul en usage, et le gouvernement eut beaucoup de peine à introduire le second en 1815. L’Indien prétend que le sel produit par le soleil est plus pur que celui qui est dû aux procédés artificiels de l’homme, et n’en veut pas d’autre dans les temples. Le sel fabriqué à Liverpool revient dans l’Inde à très bon marché : envoyé à Calcutta comme lest, il en a chassé le sel indigène ; mais à Orissa l’orthodoxie religieuse repousse un article produit par les mains des infidèles, car toute la vie des habitans se passe en exercices spirituels, et le sel joue un grand rôle dans la purification des âmes. La fabrication commence avec la saison chaude dans la dernière quinzaine de mars. On creuse depuis le lac Chilka un canal avec des cuvettes larges et peu profondes de chaque côte. Ces cuvettes sont à angle droit avec le canal, par rangées de quatre, et ont chacune 7 mètres carrés. Le premier jour, on introduit l’eau du canal dans la première cuvette de chacune des rangées ; elle y reste vingt-quatre heures, et, comme la profondeur n’est que de 45 centimètres, l’évaporation se fait rapidement. Le lendemain, la saumure passe dans la seconde cuvette, qui a 60 centimètres de profondeur, et ainsi de suite d’une cuvette à l’autre jusque dans la quatrième, qui a 90 centimètres. Le cinquième jour, on la fait passer dans des étangs de 46 décimètres carrés et de 15 centimètres de profondeur, où elle reste pendant la chaleur du jour. Le soir, la fabrication est complète, et le sel retiré des étangs. Ces différentes phases de la fabrication se succèdent sans discontinuité. Chaque établissement est conduit par 5 hommes qui gagnent un peu plus de 25 centimes par jour ou 7 fr. 50 par mois. La production est de 15 tonnes la première semaine, et, si la fabrication marche sans interruption, elle peut atteindre 80 tonnes en quinze jours ; mais c’est une industrie aléatoire, car une simple pluie suffit pour arrêter l’opération et forcer à vider les fosses. Le prix de fabrication est de 16 francs 65 cent, par tonne, qui, ajouté au droit fiscal de 216 francs, porte le prix de revient de la tonne à 233 francs.

Les habitans de la province d’Orissa sont constamment à la veille de mourir de faim, soit par suite des sécheresses, soit par suite des inondations. Les pluies, qui, réparties sur l’année tout entière, seraient bienfaisantes, ne durent que quelques semaines et font défaut le reste du temps ; il survient alors des sécheresses qui brûlent