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gouvernement anglais leur fait distribuer des vêtemens de coton, afin de leur apprendre à se couvrir et de leur donner des habitudes plus civilisées.

Le troisième système d’administration est celui qui est employé dans la partie de la province d’Orissa comprise entre les montagnes et la mer, partie intégrante de l’empire de l’Inde, et qui occupe 20,000 kilomètres carrés avec une population de 2 millions 1/2 d’habitans. Elle forme trois districts, ceux de Cattack, de Puri et de Balasor, dont chacun est administré par un officier collecteur, entouré de quelques assistans, et qui relèvent eux-mêmes d’un commissaire supérieur fixé à Cattack. Le gouvernement anglais se considère ici comme propriétaire du sol, et il en exerce les droits aussi bien que les devoirs. Il a droit à une rente, mais il est tenu de protéger les habitans contre toute violence armée, et d’administrer la justice.

Sous les princes hindous, Orissa était divisée en districts, à la tête desquels étaient des fonctionnaires qui représentaient le prince, faisaient exécuter ses ordres et rentrer les impôts. Ils détenaient les registres des villages et avaient en main toute l’organisation financière. Pendant la domination musulmane, la plus grande confusion régnant dans l’administration, ces employés, maintenus à leur poste, ne tardèrent pas à s’affranchir de la surveillance du gouvernement, et finirent par transmettre leurs fonctions par voie d’hérédité. Indépendans dans leurs domaines, ils prirent ainsi peu à peu, sous le nom de zamindars, le caractère de véritables propriétaires qui répartissaient à leur gré les taxes entre les divers tenanciers. Ces quasi-propriétaires exercent encore leurs fonctions sous la domination anglaise, mais ils sont tenus de s’entendre avec les officiers anglais pour fixer la taxe à imposer aux différens villages ; ils répartissent ensuite cette taxe entre les cultivateurs avec le concours des chefs, qui touchent eux-mêmes les impôts.

Les cultivateurs se divisent en résidans et non résidans ; les premiers ne peuvent être dépossédés de leurs terres tant qu’ils en paient la rente ; les autres sont des individus qui, trop écrasés d’impôts dans leurs propres districts, sont allés s’établir ailleurs, pour payer moins. Les zamindars s’efforcent en effet, par des réductions de taxes, d’attirer chez eux des étrangers, afin de mettre en culture les terres vagues qui ne leur rapportent rien ; mais, si ces individus paient de moindres impôts que les résidans, ils n’ont pas la même garantie de stabilité : ils peuvent être dépossédés de leurs terres et n’ont pas le droit de les transmettre à leurs enfans. Indépendamment de ces deux catégories, les villages renferment un certain nombre d’artisans, appartenant aux classes inférieures et