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IV

Dans sa réponse à la troisième question qu’il s’est posée, M. Strauss est passé avec armes et bagages du côté, non pas du positivisme, qu’il affecte d’ignorer, probablement parce qu’il est d’origine française et très circonspect dans ses conclusions, mais du matérialisme dogmatique, qui nie l’âme, réduit la vie à un simple mécanisme physico-chimique et fait de la pensée un pur produit du cerveau. Il est vrai que, s’il faut l’en croire, le matérialisme et l’idéalisme se livrent simplement une guerre de mots. Leur ambition commune, c’est d’expliquer l’univers au moyen d’un seul principe, et ils ont pour adversaire commun le dualisme philosophique et chrétien qui oppose l’âme au corps, le créateur à la création, l’esprit à la matière. La science moderne nous permet enfin de concevoir le développement successif des choses sans qu’on ait besoin de faire intervenir une seule fois la volonté créatrice. Kant, dans un de ses ouvrages les moins connus, et Laplace, nous ont appris comment les mondes ont pu se former par une simple application des lois mécaniques, et, ces lois étant applicables à la matière universelle, nous pouvons facilement étendre à l’univers la démonstration fournie pour le système planétaire dont nous faisons partie. Quant à notre terre, le seul globe céleste que nous puissions étudier de près,