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l’Italie, des États-Unis, etc., ne comporte rien de semblable ; mais le gouvernement envisageait la question à un autre point de vue. Pendant la campagne de 1866, la poste avait transporté en quelques jours 38,000 paquets à l’adresse des soldats, et dans l’hypothèse d’une guerre contre la France elle pouvait être appelée à rendre les plus grands services. La chancellerie insista pour le maintien de ce système, et les événemens lui ont donné raison.

Le port des paquets est réglé sur la distance à parcourir et le poids de chaque envoi, mais il ne doit jamais excéder 25 centimes par 10 livres du poids total. Le tarif du port des lettres a été complètement transformé. Depuis quelques années déjà, le parlement prussien proposait de le simplifier en établissant deux taxes au lieu de trois ; le Reichstag dépassa ce vœu en adoptant la taxe unique de 1 silbergros pour toute lettre ordinaire de 15 grammes et au-dessous, expédiée à une distance quelconque en Allemagne, en Autriche ou dans le grand-duché de Luxembourg. Malgré cette réforme radicale, les recettes brutes s’élevèrent, dès l’année 1868, à plus de 86 millions de francs. Mentionnons enfin, comme une des tendances de l’esprit nouveau, l’abolition des franchises postales qui avaient été concédées à un certain nombre de particuliers à titre onéreux ou gratuit, et la réserve faite par le Reichstag de statuer désormais, à l’exclusion du gouvernement, sur les franchises qu’il conviendrait d’accorder aux agens des services publics.

Toutes ces innovations, quel qu’en fût le mérite, n’étaient pas de plein droit applicables à la Bavière et au Wurtemberg, la première ayant stipulé d’une manière formelle que les lois fédérales ne pourraient lui être imposées qu’en vertu d’une loi spéciale du parlement allemand, et le second ayant refusé de se soumettre au régime postal des états du nord, s’il devait aggraver le monopole et le rendre plus onéreux pour ses populations. La constitution d’avril 1871, interprétant à sa manière les réserves faites dans les traités, attribua au Reichstag le droit, — sans restriction, — de légiférer sur les postes et les télégraphes, et bientôt après, par une conséquence prévue, on rendit obligatoires pour les gouvernemens de Bavière et de Wurtemberg ces mêmes lois fédérales dont ils avaient décliné l’autorité. Aussi un docteur prussien[1], enregistrant ce fait, s’écrie-t-il avec joie : « La liste des droits particuliers du sud a encore été diminuée d’une unité ! »

Les télégraphes ont une place à part dans le mécanisme constitutionnel de l’empire. Sous l’ancienne confédération germanique, ils pouvaient être exploités librement comme toute autre industrie,

  1. Fischer, Die Verkehrsanstalten des deutschen Reichs, Leipzig 1872.