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l’étude de ce caractère. » Quant aux découvertes auxquelles aboutiront cette anatomie comparée et cette psychologie pénétrante, le lecteur les pressent déjà ; elles sont aussi rassurantes pour l’Allemagne que décourageantes pour nous : l’empire est mort avec l’empereur, les partis monarchiques se font échec, la république n’est pas viable, et il ne reste à la France qu’une pompeuse anarchie. La Gazette de Spener a fort ingénieusement développé ce thème dans un article de fond intitulé les Partis politiques en France après la mort de l’empereur. Lorsqu’ils nous parlent de si haut, les journalistes allemands font preuve de bien peu de mémoire : sans remonter au saint-empire, l’histoire présente peu d’exemples d’anarchie et d’impuissance politique plus complets que celui de la confédération germanique. L’histoire de France est remplie de vicissitudes semblables à celles que nous traversons depuis cent ans ; lorsqu’on a vu des revers si profonds et des restaurations si surprenantes, il faut se garder des jugemens téméraires et des condamnations anticipées.

Les journaux allemands s’en tiennent à la situation présente, et ils la déclarent compromise pour nous au dedans comme au dehors. La politique de l’empereur, disent-ils, l’alliance franco-italienne de 1859 aboutissent à l’union intime de l’Allemagne et de l’Italie contre la France et la papauté ; les anciens ennemis s’allient contre des ennemis communs. L’Italie avait montré quelques velléités de reconnaissance envers la mémoire de l’homme auquel elle devait en grande partie son affranchissement. La presse allemande s’attache à faire ressortir que c’était une reconnaissance toute personnelle et qu’elle s’éteint avec le souverain qui en était l’objet. La Correspondance de Berlin relève ce passage de la Gazette d’Italie : « la mort de Napoléon III brise, à quoi bon le cacher ? un des plus forts liens entre l’Italie délivrée et la France enfiévrée. Puisse le souvenir du vainqueur de Solferino rester chez nous assez puissant pour nous empêcher d’oublier que nous lui devons plus qu’à la France tout entière ! » La Gazette d’Augsbourg, dans un article spécial, prend soin de développer les motifs de cet arrêt. L’auteur est indulgent aux naïves démonstrations des Italiens ; il les explique à ses compatriotes, afin qu’ils ne conçoivent aucun doute sur l’attachement de leurs nouveaux alliés ; il les défend en même temps contre les reproches d’ingratitude que pourrait leur adresser la France.

« Naturellement, dit-il, il ne faut pas en vouloir aux descendans de Machiavel, s’ils profitent de l’occasion pour se déclarer, d’un seul coup et pour toujours, quittes de toutes dettes envers la nation qui a laissé