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plus variée : il possède 390 espèces ; le groupe moyen, formé de Terceira, Fayal, Pico, Graciosa et San-Jorge, en possède 376 ; enfin le groupe occidental, composé de Florès et Corvo, n’en a offert que 241. Sans vouloir tirer de conclusion de cette distribution des plantes dans des îles de dimensions inégales, je ferai cependant remarquer que le nombre des espèces diminue ici d’un groupe à l’autre à mesure qu’on s’éloigne de la côte d’Europe.

La multiplicité des arbrisseaux et la verdoyante uniformité que présente la flore des Açores paraissent avoir vivement impressionné Cabrai et ses compagnons lorsqu’ils abordèrent pour la première fois sur ces rivages. Les Flamands et les Portugais qui colonisèrent ensuite l’archipel y introduisirent promptement la plupart des plantes cultivées dans leurs contrées natales. Avec les graines des céréales et des autres végétaux apportées à dessein pour la culture, on sema involontairement dans les champs et dans les jardins une foule de graines de végétaux divers. Le vent et les oiseaux se chargèrent de propager au loin ces semences ; aujourd’hui un grand nombre des espèces ainsi disséminées sont tellement acclimatées au milieu des espèces indigènes, que les botanistes ont les plus grandes difficultés à en reconnaître l’origine exotique, et la complication de la flore spontanée ne fera qu’augmenter encore avec le temps à mesure que le nombre des plantes importées sera devenu plus considérable. Parmi les plantes d’importation récente qui se multiplient facilement à l’état sauvage, je me contenterai de citer l’exemple du pittosporum undulatum. Cet arbuste a été planté dans les vergers et dans les jardins de San-Miguel ; il porte à maturité un grand nombre de petites baies dont les oiseaux sont très avides, et qui se trouvent par suite transportées dans les endroits les plus déserts de l’île, où elles germent et poussent. La germination de ces graines s’opère même plus facilement dans ces conditions que lorsqu’on les sème directement. En passant par le tube digestif des oiseaux, elles paraissent sous l’action des liquides intestinaux se dépouiller d’une matière résineuse qui les enduit superficiellement, et qui empêche la pénétration de l’humidité nécessaire au développement de l’embryon.

Les jardins d’où s’échappent ces transfuges végétaux sont presque tous situés dans le voisinage de la ville de Ponta-Delgada. La plupart sont vastes et en pente douce vers la baie. On y jouit d’une vue étendue sur la mer. De belles pelouses et de larges allées y circulent au milieu d’une multitude d’arbres et d’arbrisseaux divers intercalés avec art. Les arbres à chatons, les conifères, les myrtacées, les protéacées, les palmiers et des milliers d’arbres d’autres familles s’y succèdent, excitant chacun l’admiration du passant, les uns