Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 106.djvu/484

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rens, onéreux, qui compliquent bien plus qu’ils ne résolvent le problème de la situation financière de la France.

Voilà un moment où tout va se ressentir de plus en plus des langueurs et des dissipations de l’été. La grande représentation politique de l’hiver et du printemps est en train de se clore un peu partout, sans avoir été d’ailleurs bien féconde en événemens et en péripéties dans la plupart des états de l’Europe. Les souverains qui sont malades, et ils sont toujours malades au mois de juillet, s’en vont à Ems, à Gastein ou à Carlsbad. Les chanceliers et les ministres suivent les souverains ou vont se reposer dans leurs terres. Les ambassadeurs eux-mêmes éprouvent un vague besoin de n’être plus à leur place. Les curieux, les oisifs et aussi tous ceux qui veulent s’instruire au spectacle de tous les produits de l’industrie et du travail vont à Vienne voir l’exposition universelle. Les parlemens qui n’en ont pas fini se hâtent de bâcler leurs dernières lois et de vider leurs dernières querelles. Ainsi vont les choses sans trop de bruit et sans trop d’éclat. Au dernier moment cependant cette fin de saison politique n’a point laissé d’être marquée par des incidens de discussion assez vifs à Berlin et par une crise ministérielle à Rome.

On ne s’est point séparé à Berlin sans avoir livré dans le Reichstag une bataille qui n’était pas des plus dangereuses sans doute, mais où M. de Bismarck a cru devoir se jeter avec une verdeur assez inattendue et où apparaissent peut-être certains signes de la situation difficile faite au prince-chancelier. Tout a fini, bien entendu, comme le voulait le chancelier ; ce n’est pas néanmoins sans d’étranges tiraillemens et de rudes escarmouches qu’on en est venu à bout ; cette dernière bataille a été en définitive le résultat d’une certaine mauvaise humeur répandue partout. Le gouvernement était assez mécontent de voir arriver la fin de la session sans qu’on eût discuté et voté quelques-unes des lois auxquelles il tenait le plus, notamment la loi de réorganisation militaire. Le Reichstag, de son côté, n’était guère plus satisfait ; il se plaignait d’abord d’avoir été laissé longtemps inoccupé, puis de n’avoir été saisi que tardivement des communications les plus indispensables pour la discussion des lois financières. M. de Bismarck enfin n’avait pas arrangé les choses en présentant un projet sur la presse passablement dur, qui avait de plus l’inconvénient d’être très opposé à un autre projet préparé par le Reichstag lui-même, et surtout à une proposition présentée d’urgence pour exonérer les journaux du timbre et du cautionnement. C’était une vraie confusion, et, comme il arrive souvent en présence de tant de travaux tardifs ou incohérens, on finissait par ne plus savoir que faire. Beaucoup.de membres du Reichstag avaient pris le parti de s’en aller, si bien qu’on ne se trouvait même plus en nombre pour voter ce qu’il y avait de plus essentiel, ce qui ne pouvait être ajourné. On en était là lorsqu’intervenait une sorte d’arrangement négocié entre les chefs des