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Au point de vue géologique, on a comparé le bassin de la Seine avec assez d’exactitude à une vaste cuvette dont Paris occuperait le fond. Sauf la large fissure par laquelle le fleuve s’écoule vers la mer, le sol se relève dans toutes les directions autour de Paris. C’est auprès de Paris aussi qu’apparaissent à ciel ouvert les assises de terrains les plus modernes. Suivons la Seine depuis sa source jusqu’à la Manche. D’abord dans le Morvan tout est granit et porphyre avec une maigre couche de diluvium, le sol est montueux; dans chaque pli de terrain coule un mince ruisseau qui se précipite de cascade en cascade au fond de vallées sinueuses et resserrées. La roche étant imperméable, tout ce que les pluies versent sur la terre, — et les pluies y sont abondantes, — s’écoule à la surface. Aussi l’humidité se conserve-t-elle même sur les pentes que recouvre une abondante végétation. Cependant c’est un pays pauvre : la culture ne produit que du seigle et du sarrasin, les prairies sont tourbeuses et partant peu productives; les forêts occupent un tiers de la superficie. La population est essaimée en petits hameaux; les maisons, entourées de jardins et de haies vives, ont un aspect misérable. Le touriste parcourt cette contrée avec quelque plaisir; mais l’agriculteur n’y trouve pas son compte. Il n’y a pas là de richesses; la terre y est ingrate.

Au pied des montagnes du Morvan s’étale un terrain calcaire mélangé de marne et d’argile auquel les géologues donnent le nom de lias. Les plaines basses de l’Auxois et de Corbigny en sont formées, ainsi que le plateau de Langres. Le lias est imperméable, les ruisseaux y sont donc nombreux, mais ils ne coulent que par les temps de pluie et se dessèchent dans la belle saison. Le sol étant friable, il n’y a pas de pentes abruptes, de rochers à pic; au contraire les vallées s’élargissent, les coteaux s’arrondissent. C’est du reste un terrain fertile, propre à la vigne et aux céréales; il y existe de bonnes prairies et les forêts y prospèrent, quoique l’étendue en soit très restreinte, car les bois ont été défrichés depuis un temps immémorial pour faire place à des cultures plus productives.

Au-delà du lias se dresse, sur une largeur moyenne de plus de 100 kilomètres, le massif aride des calcaires oolithiques, comme une chaîne transversale à travers laquelle toutes les rivières de la région se sont tracé un lit profond et encaissé. L’oolithe, — ainsi nommé parce qu’il se compose de petits grains ovoïdes assez semblables à des œufs de poisson, — est un sol spongieux qui absorbe les eaux de pluie et ne présente par conséquent qu’une surface desséchée. De distance en distance y jaillissent cependant au fond des vallons de belles sources alimentées par les suintemens qui filtrent à mi-côte sur des bancs glaiseux. Dans les vallées, au bord de l’eau, la végétation est belle; les habitations s’y entassent comme si la