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L’EMPIRE DES TSARS
ET LES RUSSES

I.
LA NATURE RUSSE, LE TCHERNOZIOM, LES STEPPES ET LA POPULATION.

L’ignorance de l’étranger a été l’un des principaux défauts de la France, l’une des principales causes de ses récens revers. À ce vice de notre éducation nationale, nous cherchons aujourd’hui un remède : nous nous décidons à apprendre les langues de nos voisins ; mais, pour nous être d’une sérieuse utilité politique, notre connaissance de l’étranger ne doit point se borner aux peuples qui touchent nos frontières. L’Europe est solidaire ; dans un moment de surprise, elle peut sembler l’oublier ; à la longue, il lui faudra toujours se le rappeler. Comme l’ancienne Grèce, l’Europe moderne forme une famille, dont au milieu même de leurs querelles les membres se tiennent tous dans une réciproque dépendance. Les intérêts de la politique extérieure sont généraux, ceux de la politique intérieure ne le sont guère moins. La connaissance de leurs ressources, de leurs tendances, de leurs institutions mutuelles, est un des premiers besoins des peuples et des gouvernemens de notre âge.

Parmi les états européens, il en est un qui, malgré son éloignement, a plus d’une fois pesé d’un grand poids sur l’Occident. Il est relégué aux confins de l’Asie ; mais entre nous et lui il n’y a que l’Allemagne. C’est le plus vaste des états de l’Europe, c’est celui qui compte le plus d’habitans, et c’est le moins connu : l’Orient