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deuxième armée du général Ducrot et une portion de la troisième armée de Vinoy, sans compter les forces de garde nationale, auxquelles on voulait enfin donner un rôle. La ligne de bataille était singulièrement étendue, elle allait du Mont-Valérien, de l’extrémité de la presqu’île de Gennevilliers, où l’on devait occuper l’ennemi par de sérieuses diversions, jusqu’au-delà de Bondy et du Raincy, sur la Marne. Le principal point d’attaque était au centre de la ligne, en avant de Saint-Denis : c’était Le Bourget, destiné à devenir en quelque sorte le pivot de toute l’opération. Le premier point une fois enlevé par l’amiral de La Roncière, la deuxième armée de Ducrot devait se mettre en mouvement et assaillir les positions de Blancménil, Aulnay-les-Bondy, Sevran. En même temps, à l’extrême droite, le général Vinoy avait la mission de marcher sur Gagny, la Ville-Évrard, la Maison-Blanche, et de s’avancer, s’il le pouvait, dans la direction de Gournay, de façon à menacer les communications de l’ennemi. Dans ce système, Avron, qui avait déjà si puissamment concouru aux batailles de la Marne, devenait maintenant une protection pour notre droite dans ces opérations nouvelles. Dès le 20 décembre au soir, le gouverneur se rendait à Aubervilliers, où il trouvait le général Ducrot. L’amiral de La Roncière s’établissait à La Courneuve. Le général Vinoy, de son côté, se portait au fort de Rosny. Les troupes, arrivant de toutes parts, se massaient dans leurs positions, tandis que les régimens de garde nationale affluaient à leur tour, se tenant en réserve. Il y avait encore une certaine ardeur : on croyait du moins à une grande affaire, on y croyait peut-être trop; on se faisait cette dernière illusion, qu’après avoir vainement essayé le 30 novembre et le 2 décembre de donner la main à l’armée de la Loire, on allait maintenant au-devant de l’armée du nord, qui ne pouvait être loin.

Au jour naissant, le 21, par un brouillard épais et humide, on allait ainsi au combat, préparé comme toujours par une vigoureuse canonnade des forts. L’amiral de La Roncière avait organisé ses troupes en trois colonnes, l’une, la brigade Lavoignet, placée à la croix de Flandre sur la route de Lille et chargée d’assaillir Le Bourget par le sud, — l’autre composée de fusiliers-marins, de deux bataillons du 138e de ligne, d’un bataillon de mobiles de la Seine, et marchant sous les ordres du capitaine de frégate Lamothe-Tenet à l’assaut du village par l’ouest et le nord, — la troisième formant une réserve sous le général Hanrion à La Courneuve. Le général Ducrot avait offert à l’amiral de La Roncière la division Berthaut pour concourir à l’attaque, et peut-être ce secours n’aurait-il pas dû être refusé; mais l’amiral croyait les abords du Bourget peu praticables par l’est à travers les marais de la Molette, et il