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tions aura quitté son dernier poste de Verdun. La France a prouvé ainsi au monde qu’elle était toujours vivante, sans s’inquiéter du régime qu’elle avait ou de ce que disaient les partis. Ce n’est pas tout : voici maintenant une péripétie nouvelle, un événement, qui, en simplifiant des antagonismes de dynasties, peut hâter la solution de la question de régime politique, et s’il est un fait démontré, c’est que le pays, sans être indifférent et insensible, ne s’est cru nullement à la veille d’être perdu. Il n’a visiblement ni parti-pris absolu ni répugnances invincibles. Il attend avec une certaine curiosité, peut-être même avec un certain étonnement ou avec quelque préoccupation, mais avec le sentiment d’une force des choses qui domine tout le monde, et en restant persuadé que malgré tout, quoi qu’il arrive, on ne peut rien, on ne fera rien pour lui imposer ce qu’il ne voudrait pas, ce qui répugnerait trop manifestement à ses idées, à ses instincts comme à ses intérêts. Le pays sent que dans les conditions actuelles de la société française, dans l’état des partis, au milieu de toutes les nécessités de prudence, de conciliation patriotique et libérale, qui parlent à tous les esprits, rien d’extrême n’est possible, que, si depuis la dernière entrevue de M. le comte de Chambord et de M. le comte de Paris il y a une question posée dans des termes plus pressans, plus pratiques, si l’on veut, la solution ne peut en aucun cas être l’œuvre d’une surprise ou d’un coup d’état.

La France sent cela, pourquoi se troublerait-elle alors ? Il y a un problème d’organisation publique qui se relève devant elle. La division même des opinions est une garantie contre toute violence, contre toute décision exclusive. Il y a de plus un gouvernement qui, placé en dehors de ces discussions, reste le gardien de la paix intérieure, assurant ainsi la liberté d’une résolution définitive. Voilà toute la situation.

Que sortira-t-il maintenant de ce travail, qui contient l’avenir prochain de la France ? Tout dépend évidemment de la manière dont on présentera ces délicats et redoutables problèmes. L’illusion des partis est de se figurer qu’ils décident tout avec des mots, avec des préjugés, avec des artifices ou des banalités de polémiques. Quand les républicains ont parlé de la dime, des droits féodaux, du bon plaisir, de la théocratie ou de l’inévitable billet de confession, ils croient avoir tout dit : la monarchie est jugée, la république est sauvée ! Quand certains monarchistes à leur tour sont allés ramasser les souvenirs des temps les plus néfastes, de 1793 ou de la commune, ils triomphent aussitôt ; la république, à leurs yeux, c’est le radicalisme, c’est le massacre et l’incendie, c’est tout ce qu’on voudra, la monarchie se relève comme le palladium de la France. Eh bien ! non, après ces évocations puériles ou sinistres, on n’est pas plus avancé, La question de la république ou de la monarchie est à la fois plus simple et plus profonde en même temps que plus pratique. Pour ceux qui depuis longtemps ont renoncé au culte