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effet repoussés par les Slaves de deux côtés, à l’ouest vers la Baltique, à l’est vers l’Oural et le cours moyen du Volga; le visage du peuple russe prouve qu’il n’y en a pas moins eu un mélange dont il porte encore la trace. La façon dont l’élément russe absorbe aujourd’hui ces groupes finnois intérieurs ou extérieurs, comme une mer qui ronge ses côtes, fait comprendre ce qu’il a dû faire dans le passé. Par leur russification même, toutes ces tribus accroissent la part ethnologique de leur race dans la nation qui les engloutit. C’est comme un courant perpétuellement renouvelé, comme des sources finnoises qui, se déversant depuis des siècles dans les veines du peuple russe, y augmentent toujours la proportion du sang finnois. La langue russe pourrait fournir d’autres signes de cette fusion, mais un sérieux travail de confrontation entre le russe, les autres idiomes slaves et les dialectes finnois est encore à faire, et les résultats en seraient peut-être plus curieux au point de vue de l’influence morale des anciens Finnois et de leur degré de civilisation que concluans pour leur mélange avec les Slaves. La russification des Finnois, leur répartition géographique, l’empreinte qu’ils ont laissée sur les traits russes, empreinte aussi frappante à un second voyage qu’à un premier, sont les deux grandes preuves de cet alliage finnois : la première la fait supposer à l’esprit, la seconde la fait voir aux yeux.

Quel est ce type, dont tant de Russes portent la marque? Les tribus finnoises de Russie diffèrent considérablement par les caractères physiques comme par le degré de culture. Quelques-unes, comme les Tchouvaches et les Lapons, accusent assez fortement un type mongolique; d’autres, les plus importantes, comme les Finnois de Finlande et les Esthoniens, grâce à des influences de milieu ou plutôt à des alliances de race dont la trace est perdue, offrent des traits plus nobles et décidément plus voisins du type caucasique que de celui des peuples de la Haute-Asie. Tous ces groupes cependant gardent certains caractères communs qui n’ont guère disparu que chez le peuple magyar, celui qui, le plus mêlé avec l’Europe, s’est le plus modifié. Le squelette est moins robuste que chez les Aryens et les Sémites, les jambes sont plus courtes et plus grêles. Les tribus finnoises inférieures sont les seules qui présentent une tendance au prognathisme, fréquent chez les races européennes analogues de l’époque quaternaire; comme les Aryens, les Finnois ont en général la tête orthognathe, mais avec les os des pommettes plus saillans. Si le visage est orthognathe comme chez les Aryens et les Sémites, c’est-à-dire sans projection des mâchoires, la tête est le plus souvent ronde, courte, peu développée par derrière, en un mot brachycéphale, comme chez l’une des deux principales races géologiques éteintes de l’Europe. La face est généralement aplatie, les arcades