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ministérielle et bureaucratique, il a réellement substitué à une congrégation enseignante liée à l’état l’état lui-même, l’état enseignant dans toute la rigueur du terme. Le mode et les organes de direction avaient beaucoup varié de 1808 à 1852; la surveillance générale du personnel et des méthodes avait été exercée tantôt par un haut dignitaire permanent, le grand-maître, ou même l’archichancelier de l’empire, tantôt par un ministre de l’instruction publique, assisté d’un conseil supérieur inamovible ou électif, tantôt enfin directement par ce conseil supérieur lui-même. Sous ces modes divers, l’Université avait gardé ses lois, son existence, son rôle propre, subordonnée à l’état, instrument précieux de gouvernement dans le haut sens du mot, mais nullement au service et à la discrétion de l’autorité politique, nullement confondue avec le personnel gouvernant. Les traits qui la distinguaient dans cet état d’indépendance professionnelle, c’était d’une part la prépondérance des agens d’élaboration et de délibération, tels que le conseil supérieur, sur les agens d’exécution, tels que le grand-maître, le ministre et les recteurs; c’était de l’autre l’autonomie du maître dans sa classe et même l’autonomie du collège, sous réserve des règles générales arrêtées en conseil de l’instruction publique. Tel a été le système de l’Université pendant quarante années. Nous en sommes encore à nous demander quelles raisons on a eues de le bouleverser de fond en comble. Qu’est-ce qui périclitait sous ce régime? Est-ce la discipline? Elle était alors plus sévère et mieux observée qu’aujourd’hui dans le corps enseignant. Elle saisissait sans difficulté jusqu’au costume de ville, jusqu’à la tenue, jusqu’aux habitudes de vie domestique, qu’aucun ministre depuis 1852 n’a eu le pouvoir de régler. Est-ce les mœurs? Elles ont été constamment bonnes dans la généralité du corps universitaire, elles le sont sans doute aujourd’hui autant qu’elles l’étaient autrefois; autrefois cependant, vers 1820, vers 1840, elles étaient incontestablement plus graves et mieux adaptées à la profession qu’elles ne le sont à présent. Est-ce l’esprit moral et politique? Une monarchie dont les ministres eussent été des hommes d’état de grand coup d’œil ne pouvait souhaiter dans le professorat un esprit public plus favorable à la monarchie. Nous aurons plus d’une fois l’occasion de prouver dans le cours de ces observations que l’Université, la première en France, a eu l’honneur d’instituer une éducation rationnellement monarchique et rationnellement religieuse, que l’ancien régime n’avait pas connue.

Quant à la vocation, quant à l’art d’enseigner, quant aux matières de l’enseignement, le point culminant dans le domaine des études de collège, et c’est du collège seulement que nous traitons ici, a été