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31 janvier 1827 sur la rade de Navarin, se trouvaient, le 27 mars de la même année, mouillés dans le port d’Alexandrie. « Le vice-roi peut tout maintenant, écrivait le capitaine Fleury, il dit à qui veut l’entendre qu’il va sortir avec sa flotte réunie à celle du sultan pour effectuer un coup de main sur Hydra. Mais osera-t-il réellement quitter l’Égypte ? »

Quels que fussent au fond ses desseins, Méhémet-Ali n’en poussait pas moins avec une extrême vigueur l’armement de son escadre. Il voulait qu’elle fût prête le 15 juin. Une frégate construite à Marseille lui amenait des officiers français qu’il s’empressait de distribuer sur différens bâtimens. Un capitaine de vaisseau en retraite, M. Le Tellier, acceptait la tâche d’organiser la marine égyptienne, mission remplie jusqu’alors par un officier italien. Le danger devenait pressant pour Hydra ; Cochrane, dont la célébrité et la popularité avaient reçu une sérieuse atteinte à Phalère, forma le projet de rétablir sa réputation en allant au-devant de cet orage. Il venait d’avoir avec sa frégate un engagement sans résultat contre deux corvettes égyptiennes et de s’emparer d’un brick-transport turc, quand il prit le parti de rassembler tout ce que la flottille grecque avait de bâtimens disponibles et de se porter sur les. côtes d’Égypte. Le 16 juin 1827, dans l’après-midi, les vigies de la corvette française la Victorieuse, commandée par le capitaine de vaisseau de Villeneuve-Bargemont, signalèrent vingt-trois voiles qui se dirigeaient vers les passes d’Alexandrie. N’était-ce pas le convoi qu’on attendait d’un jour à l’autre de Smyrne ? La frégate qui semblait escorter cette réunion de navires marchands portait le pavillon autrichien. Le convoi cependant approchait. Le commandant de Villeneuve n’eut pas de peine à reconnaître dans cette flottille déguisée l’armée grecque. Il envoya sur-le-champ prévenir le consul et quelques négocians. Contrairement à ses habitudes, le vice-roi avait passé la journée à la campagne. Il accourut et donna des ordres pour faire appareiller les bâtimens qui se trouvaient prêts et pour faire armer les batteries. Un brick turc était en croisière devant le port. Il voulut rentrer précipitamment, et s’échoua. Un premier brûlot détaché de la flottille grecque manqua l’abordage : un second réussit mieux ; il incendia en quelques minutes le bâtiment échoué. L’équipage égyptien se sauva dans ses embarcations.

La nuit sur ces entrefaites était venue, et avec la nuit le calme. habituel. Ballottée par la houle, l’armée grecque se maintint à une lieue environ de la ville. L’Hellas jeta l’ancre à deux portées de canon des récifs. Vers dix heures du soir, le pacha s’embarqua sur un brick descendu récemment des chantiers de Marseille. Tous les officiers français l’accompagnaient. Combattre Cochrane, fût-il à la