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les matières premières, sur les textiles et sur les fabrications étrangères ; que la commission avait repoussés. Elle offrait en somme 582 millions d’impôts au lieu des 488 demandés.

La nécessité de faire voter d’urgence le budget de 1872 entraîna l’ajournement des taxes sur lesquelles le gouvernement et l’assemblée étaient en désaccord. Dans le projet de budget pour 1873 présenté par M. de Goulard le 14 mai 1872, le gouvernement revient sur la question des nouvelles taxes ; il croit toujours que, pour équilibrer le budget, on doit établir un impôt sur les matières premières et les textiles ; mais, l’assemblée s’étant prononcée en janvier contre les premières, le ministre des finances lui laissa par déférence le soin de combler elle-même le déficit de 120 millions. Pendant tout le cours de cette année, l’assemblée s’est livrée aux plus laborieux efforts pour donner au trésor les ressources nécessaires. On a pu ne pas partager les doctrines de l’illustre chef du gouvernement d’alors, repousser l’impôt sur les matières premières, qu’il sut arracher à l’assemblée par lassitude ou par la menace de sa retraite, admettre au contraire le principe de l’impôt sur le revenu, contre lequel il a prononcé le réquisitoire le plus net et le plus éloquent, — on ne saurait toutefois sans ingratitude contester que c’est à son ardente initiative, à son esprit sagace, pratique, l’ennemi de toute illusion, que la France a dû de présenter au monde le magnifique spectacle d’une nation, encore la proie de l’ennemi, gouvernée régulièrement, et rétablissant l’équilibre dans ses budgets non moins sérieusement qu’aux temps d’une puissance et d’une prospérité entières.

Pendant ces sept premiers mois de l’année 1872, l’assemblée n’a pas voté moins de seize lois d’impôts, surtaxes nouvelles sur les sucres, sur les navires étrangers, sur l’enregistrement, les tabacs, les spiritueux, le timbre des récépissés, les dépêches télégraphiques, etc. Les plus importantes de ces lois sont celles qui ont établi un impôt sur le revenu des valeurs mobilières françaises et étrangères et sur celui des créances hypothécaires, une nouvelle surtaxe sur les alcools, enfin celle qui a autorisé la perception de 60 centimes additionnels au principal de la contribution des patentes. Le tout devait, sans compter le produit de la taxe non encore octroyée sur les matières premières, procurer au trésor une nouvelle ressource de 85 millions ajoutée à celles créées en 1871.

Mais il ne suffisait pas de décréter coup sur coup des surtaxes, il fallait à la décision ajouter la prudence : l’année 1873 a montré qu’on avait été un peu trop vite, et qu’il importait de revenir en arrière. Dans le projet de budget pour 1874, M. Léon Say fait à cet égard des aveux significatifs. Il demande qu’on abaisse à 43 les 60 centimes additionnels ajoutés au principal des patentes, il