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enfin les généraux qui mettaient à sa disposition leurs bandes de mercenaires. Quelquefois pourtant de plus humbles personnages se trouvaient en mesure de rendre à la cité des services moins brillans, mais plus précieux encore. Depuis la fin de la guerre du Péloponèse jusqu’à l’asservissement de la Grèce, le trésor d’Athènes est sans cesse à court ; on entreprend des guerres sans avoir tout d’abord pourvu à la dépense, sans vouloir s’imposer, sous forme de contributions extraordinaires, les sacrifices devant lesquels ne reculaient pas les fortes générations du siècle précédent. Dans de tels momens, quand arrivaient les pressantes dépêches d’amiraux et de généraux qui réclamaient la solde pour leurs équipages et leurs soldats, avec quel empressement on devait accueillir les offres des capitalistes qui se chargeaient de fournir tout de suite, à des intérêts modérés, les sommes nécessaires ! Ceux qui obligeaient ainsi l’état avaient aussi bien souvent l’occasion d’obliger les particuliers ; point de banquier qui ne comptât quelque client parmi les orateurs. Un ami montait donc à la tribune, il rappelait les services antérieurs, il proposait au peuple de récompenser, par l’octroi du titre de citoyen, tant de bienfaits et de sacrifices. Le décret passait ; Pasion, Phormion ou tel autre trapézite devenait bourgeois d’Athènes, et, de par sa richesse, entrait dans la première classe, celle des citoyens les plus imposés, faisait souche de chevaliers et de triérarques.

Dans les cités qui avaient quelque industrie et quelque mouvement d’affaires, le commerce de l’argent et du crédit donnait de si beaux profits que l’on finit par vouloir en assurer tout au moins une part à l’état. Sous les successeurs d’Alexandre et après la conquête romaine, différentes villes ; entre autres Athènes, Sinope, Ténos, paraissent avoir eu des banques publiques ; on en apprend l’existence par les textes épigraphiques. Ce qui n’est pas douteux, c’est que certains impôts et le produit des amendes entraient dans la caisse de ces banques et en formaient comme le fonds déroulement, c’est qu’elles étaient aussi chargées de la fabrication et de la frappe des monnaies ; elles réalisaient ainsi un bénéfice sur les métaux précieux qui leur arrivaient par diverses voies. Certains temples, vers le même temps, avaient aussi pris le parti de faire la banque ; ils prêtaient aux particuliers ou aux villes les sommes, souvent très considérables, qui composaient leur trésor. Les choses se passaient ainsi dans les sanctuaires de Delphes, de Délos, d’Ephèse, de Samos et d’autres encore. Tout ceci d’ailleurs est d’une époque un peu postérieure à celle que concernent et où s’arrêtent ces études. Pour le moment, nous nous bornerons à retracer, d’après Isocrate et Démosthène, deux épisodes de l’histoire d’une banque athénienne dans la première moitié du IVe siècle avant notre ère.