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çais, et ce ne serait pas aller trop loin de dire que, s’il eût été là bien des malheurs eussent été peut-être épargnés à notre pays. Lui vivant et présent, les événemens n’auraient plus sans doute été les mêmes, ils auraient pris un autre cours et une autre face. Les Italiens, ont traité l’autre jour ce glorieux politique comme un homme qui est déjà un ancêtre, et ils ont eu raison de rendre le lendemain un hommage analogue à Massimo d’Azeglio, qui avait cédé le pouvoir à son puissant émule, qui, lui aussi, a maintenant sa statue dans cette bonne ville de Turin, toute peuplée des images des précurseurs ou des héros de l’Italie nouvelle, Charles-Albert, Balbo, Gioberti, auprès de d’Azeglio et de Cavour.

La diplomatie étrangère, le ministre d’Angleterre en tête, était à peu près tout entière à ces fêtes turinoises. Seule la diplomatie française paraît avoir été un peu effacée, ou du moins le ministre de France auprès du roi Victor-Emmanuel était absent. Si M. Fournier n’était pas à Turin, c’est qu’on ne lui a pas dit sans doute d’y aller, de même que s’il n’est pas encore reparti pour Rome, c’est qu’on ne lui a pas probablement dit de partir. Il est peut-être assez difficile de saisir au premier coup d’œil l’avantage qu’il y a pour nous à nous abstenir là où notre présence ne serait pas sans quelque utilité. Mieux eût valu certainement ne pas laisser échapper cette occasion d’envoyer notre représentant dans une réunion nationale où la France avait naturellement une des premières places, parce qu’elle avait eu le premier rôle dans ces événemens que le nom seul de Cavour rappelait à toutes les mémoires. Tout cela est du passé sans doute ; le meilleur moyen d’empêcher que les autres ne l’oublient, c’est de n’avoir pas l’air de l’oublier soi-même.

Ch. de Mazade.


ESSAIS ET NOTICES.


Results of a tour in Dardistan, Kashmir, little Tibet, Ladak, Zanskar, by Dr G.-W. Leitner ; Lahore et Londres 1873.


Dans la section de l’exposition universelle de Vienne qui est concédée à l’Inde anglaise, on peut admirer, au milieu d’une foule d’antiquités de tout genre, la belle collection de manuscrits anciens envoyée par M. Leitner, principal du collège de Lahore, un des hommes qui ont le plus contribué à faire connaître les traditions et les langues des tribus habitant le nord-ouest de l’Inde et la vallée de Kashmir, — langues, dont les derniers vestiges tendent à disparaître par suite d’une lente absorption. On y remarque le célèbre manuscrit en lettres d’or des Khamsas des deux poètes Nizami et Amir Khosro qui fut exécuté par ordre d’un petit-fils de Tamerlan, — divers manuscrits en langue kashnieri, langue aryenne mêlée de mots persans, — une copie authen-