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restera plus debout que deux natures de vignobles, ceux qui par la qualité de leurs produits sont en mesure de résister à tout et ceux qui trouvent un moyen de défense équivalent dans l’importance et le rendement de leurs récoltes. Ce qui est médiocre en goût et pauvre en quantité sera peu à peu supprimé ou bu sur place.

Jusqu’ici, j’ai beaucoup parlé de la France, et c’était mon objet principal; j’ai peu parlé de l’Autriche, et c’était elle pourtant qui au Prater faisait les honneurs de la maison. A tous les titres, il y a beaucoup de bien à dire d’elle, ne serait-ce que pour sa magnifique exposition des draps de Moravie. Plus d’une fois déjà nous avons vu ces draps, et toujours ils ont été pour nous un objet d’étonnement. Brunn, qui les teint et les tisse, est un lieu privilégié, où la perfection acquise ne semble être qu’un encouragement pour une perfection de plus à acquérir. Il y a surtout une qualité de draps blancs à l’usage de l’armée autrichienne qui demeurent sans pareils pour la beauté du ton et la solidité du tissage. Jamais exécution ne mérita mieux le mot de travail de conscience : tout y est à l’avenant, pureté de matières, entente des couleurs, modicité des prix. L’Autriche ne s’est pas montrée moins heureuse ni moins bien inspirée dans l’arrangement des produits de son duché de Styrie : ce pays de peu d’étendue renferme les plus grandes richesses de la civilisation moderne, le fer et la houille, placées presque côte à côte, et en qualité qui rencontre peu d’égales. Située sur les derniers contre-forts des Alpes et loin des grands débouchés, la Styrie n’avait pu jusqu’ici tirer qu’un parti incomplet de ses élémens de fortune; à peine les avait-elle employés à des exploitations modestes. Elle fabriquait des faux, des faucilles, des lames, des fusils, qui avaient un grand débit et qui à l’emploi voyaient s’accroître leur vogue; c’est en cet état que la spéculation s’en est emparée et depuis peu l’a transformée. Elle est aujourd’hui un siège important de l’industrie du fer et de l’acier; son marché s’est développé, les voies de communication ont été améliorées, elle a étendu à tous les genres de travaux et de fournitures un fer excellent qui se rapproche beaucoup du fer de Suède et a pu ainsi acquérir de nouveaux cliens sans perdre aucun des anciens. Maintenant son travail est en plein essor; elle a un outillage complet, des capitaux abondans et des hommes capables. Ces signes de force se retrouvaient dans la physionomie de son exposition; tout y était de premier choix, on y sentait l’élan et la confiance qui distinguent les exploitations vraiment prospères.

C’était aussi l’aspect qu’offrait la partie de l’exposition des provinces illyriennes se rapportant aux constructions navales. Trieste s’y trouvait en nom et aussi à l’œuvre. On sait ce qu’est Trieste