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MARIE-ANTOINETTE


ET


MARIE-THÉRÈSE


d’après les papiers secrets du comte de mercy-argenteau[1].




L’histoire de Marie-Antoinette n’a pu être écrite jusqu’à ce jour qu’à l’aide de mémoires composés plusieurs années après sa mort, sous l’influence des sentimens divers que ses dernières infortunes avaient suscités. Les uns cédaient, en rédigeant leurs souvenirs, à une inspiration de respect enthousiaste et de pitié ; les autres, par conviction outrée ou par légèreté coupable, ou bien avec une haine aveugle, se faisaient, même après son martyre, les interprètes des animosités politiques. Le peu de lettres authentiques de la reine que l’on connût avant la publication de la correspondance conservée à Vienne n’apportait pas une suffisante lumière. On en était réduit, surtout pour la première partie du règne, à paraphraser les vagues ou partiales assertions de Mme  Campan, de Weber et de Montjoie ; on descendait à répéter les médisances, les calomnies, les erreurs grossières de Besenval, de Lauzun et de Soulavie. La tentation était grande de recourir, suivant l’humeur de chaque écrivain ou de chaque époque, soit aux pamphlets, quelque

  1. M. le chevalier d’Arneth, directeur des archives de la maison impériale et de l’état d’Autriche, bien connu par ses précédentes publications sur Marie-Antoinette, va faire paraître à la librairie Didot, en collaboration avec M. A. Geffroy, dont on se rappelle les études sur le même sujet insérées naguère dans la Revue, une correspondance nouvelle de Marie-Thérèse et les rapports secrets du comte de Mercy-Argenteau concernant la cour de Versailles (3 vol. in-8o, 1874). Le travail qu’on va lire est une analyse impartiale et fidèle de ces curieux documens, entièrement inédits. On s’est efforcé d’en rendre l’exacte physionomie en laissant le plus souvent possible la parole aux personnes historiques qu’ils mettent en action : Marie-Antoinette, Marie-Thérèse, Joseph II et Mercy.