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fallut la quitter sept ans plus tard. Vers la même époque fut bâti le Fort-Français à Wydah, sur la Côte des Esclaves; occupé par nous jusqu’en 1797, il fut abandonné aussi. Ce n’est qu’en 1838 qu’on se souvint de ces comptoirs délaissés; une expédition, commandée par un lieutenant de vaisseau qui plus tard devait être l’amiral Bouët-Willaumez, fut chargée d’explorer le littoral, et dès 1842 les traités conclus avec les rois indigènes permirent à la France d’y planter son drapeau. C’est là l’origine de nos établissemens d’Assinie, de Grand-Bassam et du Gabon.

Quant aux Portugais, dépossédés de Ceylan et des îles de la Sonde, ils le furent encore de leurs territoires de la Côte d’Or par les Hollandais, qui cédèrent à leur tour la partie appelée Cape-Coast aux Anglais par le traité de Bréda en 1672. En 1750, constituée par un acte du parlement britannique, une société de riches marchands de Londres obtint le privilège de fonder des comptoirs sur la côte occidentale d’Afrique, et reçut à cet effet une subvention annuelle assez considérable. Lorsqu’à son tour cette compagnie fut dissoute en 1821, une partie des forts qui lui avaient été confiés furent abandonnés, et l’ensemble des colonies de la côte occidentale d’Afrique placé sous l’autorité du gouverneur de Sierra-Leone. Les territoires de Sierra-Leone, de la Gambie et de Lagos formaient depuis lors avec Cape-Coast ce que les Anglais appellent leurs West-Africa settlements. A Cape-Coast réside un administrateur qui relève du gouverneur-général dont le siège est à Freetown, ville bizarre où le nègre semble regarder le blanc comme son inférieur et tient partout le haut du pavé. De leur côté, les établissemens hollandais comprenaient sept districts, qui sont, en allant de l’ouest à l’est, Elmina, Chama, Secondi, Bautry, Dixcore, Axim et Apollonia. La capitale de la colonie était Elmina, ville d’environ 15,000 âmes, et que protège le redoutable fort de Saint-George-de-la-Mine; la seconde ville en importance est Chama, avec près de 5,000 habitans, à l’embouchure du Bossum-Prah. Des nombreux cours d’eau qui se jettent dans le golfe de Guinée, un seul, le Volta, est navigable jusqu’à deux cents kilomètres du littoral.

Les rapports de bon voisinage entre ces diverses nations maritimes, Français, Anglais, Portugais, Hollandais, auxquelles vinrent encore se joindre les Danois, ne pouvaient manquer d’être troublés par des rivalités et des querelles qui avaient souvent leur source dans les guerres que se faisaient les nègres de l’intérieur. Au commencement de ce siècle, les établissemens hollandais alternaient sur le littoral de la Guinée avec ceux des Anglais. On songea d’abord par des échanges réciproques à concentrer les possessions respectives en deux territoires séparés; enfin, fatigué des embarras que lui