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d’une foule de guerriers couverts de tant d’ornemens que sous les rayons du soleil l’éclat de leurs parures devenait presque aussi insupportable que l’étouffante chaleur de l’air. Les chefs avaient des vêtemens de soie d’une extrême magnificence, et derrière les divers dignitaires on portait une quantité de pièces de lourde argenterie et des objets en or massif de toutes les formes. M. Bowdich vit avec surprise au milieu de ces nègres un certain nombre de Maures, coiffés de turbans et vêtus de longs habits de satin blanc, qui le suivaient d’un œil malveillant. La méfiance jalouse de ces Maures faillit empêcher le succès de la mission dont il était chargé, et ce ne fut qu’après une longue et périlleuse négociation qu’il parvint à conclure avec le roi des Achantis un traité de commerce avantageux pour l’Angleterre, mais qui ne fut pas longtemps respecté. De retour à Londres, Bowdich insista pour se faire accréditer comme consul à Coumassie; mais la rudesse de ses manières le fit mal accueillir par les ministres. Il se retira d’abord en France, puis mourut en 1823, âgé de trente ans, au début d’un second voyage en Afrique. Le livre qu’il a publié sur sa mission abonde en renseignemens curieux.

Un autre voyageur, qui en 1847 a pu visiter Coumassie, la capitale des Achantis, rapporte qu’il y fut reçu très simplement par le roi Quahou-Duah en audience publique et en présence d’une foule nombreuse. Sa majesté était assise sur un tertre, sous un dais de velours vert, au centre d’un demi-cercle formé par les grands du royaume. Chaque dignitaire s’abritait également sous un parasol de couleur orné de rubans et de petits miroirs, et avait deux esclaves à ses côtés qui l’éventaient. Après les salutations d’usage, on offrit à l’étranger un verre de vin de palme, qu’il but à la santé du roi, puis l’un des chefs nobles se mit à exécuter un pas seul en l’honneur de l’hôte blanc. Le cortège partit ensuite pour la capitale, — l’audience ayant été accordée à quelque distance de la ville, — conduit par une bande de musiciens dont les tambours étaient recouverts de linges maculés de sang, ornés de crânes, de tibias et d’autres reliques des victimes sacrifiées au son de ces lugubres instrumens. Après cette cérémonie, l’étranger fut admis à circuler dans la ville, dont les rues sont larges et les maisons, disposées en quartiers, d’un modèle uniforme. Sur la chaussée, chaque habitation a une sorte de terrasse ou de portique, haut d’un peu plus d’un mètre, où les passans peuvent chercher un abri contre la pluie et le soleil; au centre est une porte qui donne passage dans la cuisine, autour de laquelle sont distribuées les chambres à coucher ou autres. Les maisons sont bâties en bois de charpente dont les pièces sont unies par des cordes tressées avec des fibres végétales et qui