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Guinée une grande partie de leur prestige. 30,000 nègres projetèrent alors la prise de Cape-Coast; mais, apprenant que leurs adversaires s’étaient préparés à une vigoureuse résistance, ils renoncèrent à leur projet. Quant au général achanti qui n’avait pu réussir à s’emparer d’Elmina dès le début de la révolte, il a été rappelé à Coumassie par le roi, afin d’y être puni de mort selon l’usage. Au moment de la tentative sur la ville de Cape-Coast, plus de vingt mille indigènes de la côte se réfugièrent dans la malheureuse ville, prétextant qu’ils étaient amis des Anglais. Les fièvres et les dyssenteries décimèrent les assiégés, et les vivres commençaient à manquer, lorsque heureusement des pluies torrentielles rendirent impossibles les opérations des farouches assiégeans.

La nouvelle de ces échecs répétés a produit dans la Grande-Bretagne une vive émotion, et une expédition sérieuse a été immédiatement organisée sous les ordres de sir Garnet Wolseley, qui est parti le 12 septembre d’Angleterre avec un nombre considérable d’officiers. En ce moment, le colonel sir Archibald Alison fait ses préparatifs de départ pour la Côte d’Or; il y occupera le poste de second commandant en chef avec le titre de brigadier-général. Sir Garnet se propose d’entreprendre une marche directe sur Coumassie pendant que le capitaine John Harley Glover, l’ancien commandant de Lagos, à la tête d’une autre colonne, tentera une diversion en remontant le cours du Volta. Cette rivière a été déjà explorée en 1861 par le lieutenant Dolben, commandant le Bloodhound, qui parvint à 120 milles de l’embouchure et put constater que la navigation était possible au-delà. Des renforts considérables ont été en outre envoyés de Sierra-Leone et de Lagos, où l’on a recruté tout ce que l’on a pu rencontrer en état de prendre les armes.

Les Anglais avaient cru tirer un parti excellent d’une milice indigène composée de Haoussas; mais dans la première affaire, qui a eu lieu le 15 octobre, on a remarqué que, très utiles dans une guerre d’embuscade, ils ne serviraient qu’à embarrasser les troupes européennes dans une attaque régulière. Ces soldats indigènes, auxquels les Anglais seront contraints néanmoins d’avoir constamment recours, viennent de l’intérieur des terres. Les Haoussas sont un peuple industrieux, établi dans une région fertile au sud-ouest du lac Tchad, formant un royaume divisé en provinces et militairement organisé. M. de Bizemont, qui en 1870 accompagnait sir Samuel Baker dans l’une de ses expéditions et qui dut revenir en France pour rejoindre son régiment, a recueilli sur les Haoussas des renseignemens très importans de la bouche d’un grand voyageur africain, le cheik sénégalais Chen-Guénit. Il y a une cinquantaine d’années, deux prêtres musulmans sont venus dans le Haoussa, comme