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LES

HAREMS D’ORIENT ET D’AMÉRIQUE


I. — Thirty years in the Harem, by Mme Kibrizli-Méhémet-Pacha, Paris 1873.

II. A Lady’s Life among the Mormons, by Mrs T. B. H. Stenhouse, New-York 1872.




« Si chacun, dit Marmontel, écrivait ce qu’il a vu, ce qu’il a fait, ce qui lui est arrivé de curieux et dont le souvenir mérite d’être conservé, il n’est personne qui ne pût laisser quelques lignes intéressantes. » Ceci s’applique aux moindres comparses de la vie humaine, à ceux dont l’existence paraît le moins accidentée. Pour donner à des événemens vrais, personnels, un intérêt que ne saurait atteindre aucun roman, il suffit d’être sincère et d’avoir observé. Combien plus doivent paraître piquantes les confidences de personnes placées par leur naissance ou par les événemens de leur vie dans des régions inaccessibles aux regards du vulgaire ! Mme de Motteville et Mlle de Montpensier, Mme de La Fayette et Mme de Caylus ont captivé les lecteurs de leur temps et du nôtre en les entretenant de la cour, et qu’est-ce que la cour, toute curieuse que la ville puisse être de ses secrets et de ses scandales, auprès du harem, dont le nom seul évoque une idée de voluptueux mystères ! À quels mémoires comparerait-on les confidences de « saintes du dernier jour » séparées du monde civilisé par d’affreux déserts, par une politique aussi ingénieuse que dépravée, ou, mieux encore, celles de houris protégées contre nos investigations par de triples voiles et de triples murailles ? Mme Stenhouse, comme Mme Méhémet-Pacha, brave, pour écrire, des préjugés tout-puissans jusqu’ici et les vengeances qui menacent une indiscrétion sans exemple. Le