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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 Janvier 1874.

Allons, la France peut respirer et prendre confiance, on fait de la grande politique à Versailles. Le ministère tombé le jeudi sous un vote s’est relevé le lundi suivant par un autre vote. L’assemblée a jugé la semaine passée qu’elle devait ajourner la loi sur la nomination des maires jusqu’à la discussion de la loi organique des municipalités ; elle vient de juger, il y a deux jours, qu’elle s’était trompée, que la loi des maires ne peut plus souffrir de retard. La commission constitutionnelle continue le cours de ses explorations dans le monde des théories électorales, avec la chance de découvrir avant l’été un nouveau système, une nouvelle représentation des intérêts ou des divers ordres de l’état. Pendant ce temps, on crie : Vive l’empereur ! sur les marches de Saint-Augustin, au sortir de l’office funèbre célébré pour celui qui fut le souverain de notre pays. Le prince Napoléon, à ce que disent les historiographes, est reçu par le bedeau, avec les honneurs dus à son rang et à ses croyances religieuses bien connues, sur la porte de Saint-Germain-l’Auxerrois. L’impératrice rappelle à Mgr de Troyes le serment que les évêques ont prêté au dernier représentant couronné de la dynastie impériale, dont ils ne seraient pas déliés sans doute, — et tout cela, paraît-il, est simple, naturel et régulier ! La France n’a que des raisons d’être tranquille sur son avenir, puisque la crise ministérielle est finie, puisque M. le duc de Broglie vient de déclarer que la prorogation est une chose sérieuse dont la majorité a seule le secret, puisqu’enfin tout reprend son cours comme précédemment, dans les mêmes conditions, avec les mêmes hommes et les mêmes procédés.

Que la prorogation soit une chose sérieuse, définitive, fixée dans des institutions, la France ne demande pas mieux, La France ne demande rien de plus que d’être tranquille, d’avoir une garantie du lendemain, la liberté de son travail, la sécurité de ses intérêts. La crise ministé-