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complaisans, évaluaient le 1er corps au chiffre de 41 000 hommes. En réalité, la division Douay avant Wissembourg comptait à peine 8 000 hommes ; la 4e division de Lartigue avait 7 700 hommes, elle avait laissé un régiment à Strasbourg ; les divisions Ducrot et Raoult n’étaient pas plus fortes. Même avec la cavalerie du général Duhesme et la division de réserve Bonnemains donnée au 1er corps, on était loin d’atteindre le chiffre officiel.

Le maréchal de Mac-Mahon, il est vrai, allait avoir désormais à sa disposition les 5e et 7e corps. Qu’en était-il réellement ? Du 7e corps, qui n’était pas encore complétement organisé à Belfort sous le général Félix Douay, on ne tirait qu’une division, celle du général Conseil-Dumesnil, qui arrivait effectivement par chemin de fer à Haguenau le 5 août : c’était tout juste de quoi remplacer la division Abel Douay, presque hors de combat depuis la veille. Quant au 5e corps, il avait deux divisions à Sarreguemines, où elles avaient été précédemment appelées par l’empereur, une division, celle du général Guyot de Lespart, à Bitche. Les ordres ou les invitations adressées au général de Failly étaient d’abord, il faut l’avouer, peu précis, peu péremptoires. « Faites-moi connaître, disait le maréchal, quel jour et par où vous me rallierez. Il est indispensable que nous réglions nos opérations. » On était déjà au soir du 5. La division Guyot de Lespart ne pouvait, partir que le 6 au matin, et elle avait 34 kilomètres à parcourir par des défilés difficiles. Les deux autres divisions venant de Sarreguemines devaient suivre par Bitche. Avant vingt-quatre heures, on ne pouvait rien attendre de ce côté, et dans vingt-quatre heures on aurait une division au plus. Le maréchal de Mac-Mahon n’avait donc pour le moment que ses modestes divisions, qui atteignaient à peine 35 000 hommes, et avec cela il avait à tenir des positions qui auraient exigé 80 000 hommes. La conséquence était que, non-seulement on ne pouvait songer à occuper les points avancés de la rive gauche de la Sauer, mais qu’on devait même se serrer le plus possible sur la rive droite. On n’occupait ni Wœrth dans la vallée, ni Morsbronn à l’extrémité de la ligne, probablement faute de forces. En réalité, le soir du 5 août les troupes du maréchal de Mac-Mahon se trouvaient ainsi disposées : la division Ducrot sur le plateau de Frœschviller, à gauche, s’appuyant sur la route de Reichshofen, faisant face à Nehviller et au débouché de la Sauer, — la division Raoult au centre, au-dessus de Wœrth, de Frœschviller à Elsashausen, — la division de Lartigue sur la droite, formant une ligne brisée de façon à faire face à Gunstett et à Morsbronn ; à l’extrême droite, en seconde ligne, était placée la division Conseil-Dumesnil. Tout à fait en arrière la division Douay, maintenant commandée par le général Pellé, était laissée en réserve. La brigade de cuirassiers Michel de la division Duhesme se tenait dans un pli de