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LA


POLITIQUE ULTRAMONTAINE




En présence de l’importance inattendue que les querelles religieuses ont prise en Europe par le plus singulier anachronisme, du rôle prépondérant auquel les partis religieux y aspirent, des dangers qu’ils nous créent, il n’est peut-être pas inutile d’examiner quelles sont chez nous les prétentions, sinon les principes politiques de ces partis, et quelle attitude doit prendre à leur égard un gouvernement soucieux de l’honneur et des intérêts de la France. Si les hommes qui dirigent nos affaires avaient entrepris plus tôt cet examen, s’ils s’étaient fait une juste idée de ce que cet honneur et ces intérêts leur commandent, il est à croire qu’ils auraient prévenu de fâcheux malentendus dont ils devaient éviter jusqu’à l’apparence, et ils ne resteraient pas suspects d’avoir cédé à une pression étrangère lorsqu’ils n’ont fait que remplir un devoir.

J’ai parlé des partis religieux, cette expression, vraie pour d’autres pays, n’est, Dieu merci, pas exacte en ce qui concerne le nôtre. Nous comptons en France plusieurs opinions religieuses, mais nous n’y comptons qu’un seul parti religieux, c’est le parti ultramontain. Ce parti ne remonte même pas très haut dans notre histoire. Il n’a été à ses débuts qu’une secte théologique dont je n’ai nullement l’envie de discuter ici les doctrines ; mais l’ultramontanisme ne tarda pas à quitter les régions de la théorie, où de Maistre, de Bonald et l’abbé de Lamennais l’avaient confiné, pour viser à l’action et à l’influence politiques. — Si nous n’avons pas à nous occuper de ses doctrines sur la discipline intérieure de l’église, nous avons le plus grand intérêt à bien connaître ses tendances, ses progrès et ses actes depuis qu’il a passé à l’état militant et prétendu influer sur la marche de nos divers gouvernemens.