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d’une politique assez laborieusement et assez artificiellement maintenue en équilibre. C’est l’indice d’une situation faite pour provoquer dans le pays un scepticisme dangereux, et qui finirait par n’être ni sûre ni digne pour le ministère, pour M. le maréchal de Mac-Mahon lui-même ; ne serait-on pas bientôt conduit à se demander quel est le rôle de M. le président de la république, représentant ce septennat que quelques-uns de ses alliés contestent, que quelques-uns de ses ministres n’osent pas avouer trop haut, que la commission constitutionnelle ne se hâte pas d’organiser ?

La première nécessité de notre politique intérieure aujourd’hui est évidemment de sortir de ces confusions, d’éclaircir toutes ces obscurités, de savoir ce qu’on veut faire. S’il y a des résistances quelque part dans la majorité, il faut les aborder résolument ; s’il y a des conflits d’opinions et de tendances dans le ministère, il faut les vider ; si le cabinet doit en venir à se reconstituer avec des élémens nouveaux, il n’y a point à hésiter, ces élémens se trouveront, une majorité nouvelle se formera. La question se posera sans doute bientôt à l’occasion d’une interpellation provoquée par la circulaire de M. le vice-président du conseil sur la loi des maires. C’est l’interprétation même du septennat qui sera en discussion, et c’est déjà un peu étrange qu’on en soit à discuter pour savoir si le régime créé par le vote du 20 novembre doit être pris au sérieux. M. le vice-président du conseil n’hésitera point vraisemblablement alors à exposer la politique du gouvernement avec une netteté décisive, de telle façon qu’il n’y ait plus d’ambiguïté, qu’il y ait une ligne tranchée entre ceux qui veulent assurer le respect de la trêve de sept ans et ceux qui, au risque de créer une agitation permanente, entendent avoir le droit de préparer la monarchie, de la rétablir dans un mois s’ils le peuvent. Après cela, il faut l’avouer, et M. le vice-président du conseil l’a demandé à la commission des trente, la meilleure manière de faire de la septennalité une chose sérieuse, c’est de l’organiser. Là est véritablement le moyen de créer un peu de terrain solide, de régulariser et d’affermir une situation qui, si l’on n’y prend garde, finira par s’user et se décomposer au milieu des acrimonieuses et vaines rivalités des partis, plus occupés à se surveiller, à disputer une ombre de pouvoir qu’à donner des gages aux grands intérêts nationaux. Où en est donc la commission constitutionnelle chargée de proposer l’organisation du régime de la France ?

Ah ! c’est ici qu’on travaille avec une sage lenteur. Ce n’est pas qu’on ne discute ; qu’on n’étudie, on étudie et on discute savamment, abondamment, avec mille subtilités, avec mille nuances. Par exemple on n’a pas encore de nouvelles de la loi sur l’organisation du pouvoir exécutif, qui serait la plus pressée, ni du projet sur les deux chambres. Avec le temps, cela viendra. Pour le moment, on en est à la loi électo-