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refus systématique de lui donner, avec une organisation régulière, les moyens d’exercer son action. Le gouvernement, s’il le veut, peut beaucoup par la netteté de son attitude, par la fermeté de ses déclarations. Il a sous peu de jours l’occasion la plus favorable : il va être obligé de répondre à l’interpellation dont la circulaire de M. le vice-président du conseil est le prétexte, et qui, en réalité, n’a trait qu’aux interprétations diverses dont le septennat est l’objet. Le ministère n’a qu’à opposer aux défis qu’on lui adresse une affirmation nette et péremptoire de la septennalité, des déclarations de telle nature qu’elles ne laissent plus aucune place à toutes ces contradictions et à ces commentaires qui ne s’arrêtent pas devant la parole de M. le maréchal de Mac-Mahon. Il ne se risquera même pas beaucoup en déclarant que le septennat, créé sous le nom de la république, doit garder le nom de la république ; il ne fera qu’affirmer ce qui ne peut pas être évité, et qu’on nous permette de le dire, ce serait une faiblesse de s’arrêter parce qu’on paraîtrait ainsi donner une certaine satisfaction à des adversaires habituels du centre gauche ou de la gauche.

Le grand malheur lorsqu’on rallierait à un gouvernement qui doit durer longtemps le plus de partisans possible, des hommes comme M. Dufaure, qui témoignait l’autre jour l’intention la plus franche de soutenir le septennat ! Ceux qui, ne pouvant faire la monarchie, ne veulent pour la France ni de la république ni du septennat et s’efforcent de perpétuer le provisoire, ceux-là voteront contre le gouvernement, ils ne seront pas aussi nombreux qu’on le croit ; les radicaux de l’extrême droite iront rejoindre les radicaux de l’extrême gauche. Bien d’autres hommes de tous les rangs et de toutes les opinions se sentiront tranquillisés, désarmés, et, si tous ne votent pas pour le ministère, ils ne seront pas des ennemis dangereux. On aura notablement dégagé, éclairci et détendu une situation tout simplement en la précisant, en offrant un point fixe où toutes les volontés sincères peuvent se rallier. Les députés de l’extrême gauche qui offrent, au ministère cette occasion de la prochaine interpellation lui ont rendu peut-être un certain service, s’il se décide à profiter de la circonstance pour trancher toutes les questions douteuses par une parole décisive.

Que le gouvernement affirme le septennat, que l’assemblée l’organise, c’est là pour le moment tout ce qu’il y a de mieux à faire pour répondre à ce besoin de sécurité et de stabilité qui existe en France. Il est bien évident en effet que le ministère, quant à lui, ne peut qu’attester son opinion, sa résolution sur ce point essentiel de notre politique ; c’est à l’assemblée de compléter ce qu’elle a commencé, de donner une sanction pratique aux déclarations du gouvernement, en pressant au besoin la commission des lois constitutionnelles qu’elle a nommée d’en venir enfin à un résultat. Ce ne sera vraiment pas trop tôt.