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tervention britannique. La suite de cette étude montrera quelle importance acquiert le département des affaires étrangères dans cette Asie où toutes les dynasties sont chancelantes, où des races et des religions hostiles perpétuent des luttes séculaires.

Large de 2,700 kilomètres, de Kuvrachee à l’Irrawady, long de 3,200 du cap Comorin à Peshawer, l’empire britannique se partage en de nombreuses subdivisions d’une surface fort inégale. Les présidences de Madras et de Bombay, la première avec 31 millions et la seconde avec 14 millions de natifs, conservent une sorte d’autonomie dont les limites sont fort mal définies; cependant leurs gouvernemens n’ont ni armée ni budget qui leur soient propres; en toute affaire d’importance, et notamment pour les relations extérieures, ils sont soumis au contrôle du vice-roi en son conseil. Les provinces du Bengale, de Behar, d’Orissa, peuplées de 67 millions d’âmes, sont régies par un lieutenant-gouverneur qui réside à Calcutta sous les ordres immédiats du vice-roi. Entre Bénarès et Delhi, sur le cours moyen du Gange et de la Jumna, s’étendent les provinces du nord-ouest avec Agra pour capitale; c’est le théâtre de l’insurrection de 1857, et certaines villes, Cawnpore par exemple, sont restées tristement célèbres par les horreurs qu’y commirent les cipayes révoltés. On compte maintenant 31 millions d’habitans dans cette région privilégiée par la nature. L’Oude avec 11 millions, le Pendjab avec 17 millions d’habitans, sont administrés, comme les provinces du nord-ouest et le Bengale, par un lieutenant-gouverneur. La Birmanie britannique, conquête de lord Dalhousie, est un pays fort étendu, mais peu peuplé; les provinces centrales, dont la capitale, Nagpore, est située dans la partie la plus sauvage de la péninsule, comptent sur de vagues appréciations 9 millions d’habitans. Ces deux subdivisions sont administrées par des commissaires. Il en est de même de l’état de Mysore et du district de Berar; mais ici quelques explications deviennent nécessaires pour que l’on apprécie la situation singulière que le gouvernement britannique prend quelquefois vis-à-vis des monarques indigènes.

Vers le milieu du siècle dernier, Hyder-Ali, musulman au service du rajah de Mysore, usurpa le souverain pouvoir par une de ces révolutions de palais dont l’histoire des royautés asiatiques offre de fréquens exemples. Ce fut l’ennemi le plus acharné des Anglais, de même que son fils et successeur, le fameux Tippou-Sahib. Combattu par lord Cornwallis et par le marquis de Wellesley, Tippou périt dans une dernière bataille en 1798. La politique d’annexion n’était pas encore en vigueur dans ce temps-là; le gouverneur-général rechercha donc un légitime héritier de l’ancienne dynastie hindoue pour l’installer sur le trône de Mysore. Par malheur, ce souverain improvisé était un enfant qui grandit dans la vie énervante du harem,