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consacrée, les plâtres qui la remplissaient furent cédés à l’École des Beaux-Arts et les autres furent relégués dans des parties du Louvre où le public ne pénétrait pas. En 1856, celui qui écrit ces lignes proposa au gouvernement de faire mouler sous sa direction d’excellens ouvrages grecs, peu remarqués sous les restaurations qui les défiguraient, dans divers palais et jardins d’Italie. Ce devait être un spécimen de ce que serait une collection de plâtres reproduisant de beaux originaux purs d’additions modernes. Ce spécimen, exposé dans le Palais de l’Industrie, frappa les connaisseurs; de bons juges recommandèrent hautement le projet dont il était destiné à donner une idée : citons seulement M. Vitet, M. de Luynes, M. Vinet.

On chercha dès lors où pourrait être placé le musée futur. On songea au château de Saint-Germain, et ce fut le point de départ de l’entreprise qui fut faite par l’empereur Napoléon III de restaurer ce grand et bel édifice, alors abandonné. Il fut décidé ensuite qu’on y formerait un musée d’antiquités gauloises et gallo-romaines. Cependant l’architecte de l’École des Beaux-Arts, M. Duban, proposait de placer les plâtres réunis au Palais de l’Industrie dans une cour de l’École des Beaux-Arts, qui serait à cet effet couverte par un vitrage. Ce projet fut adopté, et l’exécution s’en achève aujourd’hui. Dans la cour dont il s’agit, on dresse en outre les moulages d’un angle du Parthénon et d’un angle du temple de Jupiter Stator à Rome. Ce sera l’occasion de remettre en ordre dans toutes ses parties la collection de plâtres que possède l’École des Beaux-Arts, et c’est ce que saura faire avec succès l’homme de goût et de savoir qui est en ce moment à la tête de cette école ; mais, si riche et si bien ordonnée que puisse être la collection d’une école, et quelques dispositions qu’on puisse prendre pour en faire jouir le public, conçue, comme elle doit l’être, en vue d’un service particulier, et ne pouvant être accessible, sinon dans une mesure très restreinte, à d’autres qu’aux maîtres et aux élèves, une telle collection ne saurait jamais équivaloir à un musée conçu, organisé dans l’intérêt de tous et ouvert sans réserve à tous. Et quel musée devrait en effet être ouvert à tous sans aucune réserve, sinon celui qui, n’offrant aux yeux rien que d’excellent, serait de toutes les collections la plus propre à épurer et à développer le goût public?

Opposerait-on au projet du nouveau musée la dépense qu’il nécessiterait? Remarquons d’abord que le Louvre, après les cessions qu’il a faites à l’École des Beaux-Arts, possède encore un grand nombre de plâtres importans : tels sont les restes de ceux que M. de Choiseul fit prendre autrefois à Athènes sur les marbres du Parthénon, et qui reproduisent ces marbres mieux conservés qu’ils ne le sont aujourd’hui dans le British Muséum. Il en est de même des nymphes de Jean Goujon, que les plâtres qu’on en possède à Londres représentent telles qu’elles