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transcrite en marge des actes de naissance. Il en est de même de toute pièce légale qui modifie la condition civile d’un enfant. Lorsqu’un enfant naturel, quel que soit son âge, est reconnu par ses parens, père ou mère, l’acte de reconnaissance est écrit sur le registre en regard de l’acte de naissance, sur la marge blanche qui est toujours ménagée intentionnellement à côté du libellé; parfois le jugement ne peut être reproduit par extrait, il faut, pour que toute valeur lui soit assurée, qu’il soit transcrit en entier. J’ai vu des jugemens qui ne tenaient pas moins de cinquante pages; une note indique alors à quelle date, à quel nom, à quel registre, à quel feuillet ils se rapportent. Chaque feuille est numérotée et signée, toute intercalation est interdite, nul acte, nulle rectification ne peut trouver place sur une feuille volante; l’article 192 du code pénal a prévu le cas : il s’agit d’un mois à trois mois d’emprisonnement, sans compter une amende de 16 à 200 francs.

Les reconnaissances d’enfans sont assez nombreuses sur les registres de l’état civil; mais il est de pauvres petits êtres qui jamais ne jouiront de ce triste et tardif bénéfice : ce sont ceux que l’on trouve au coin des bornes, sur l’escalier des maisons, sous le bénitier des églises. On les porte au commissaire de police, qui fait d’autorité les déclarations nécessaires. Il est le parrain du misérable abandonné; avec une intelligence prévoyante, parmi le nombre des prénoms il en choisit un qui ressemble à un nom patronymique, Lazare, Martin, Denys. Sur l’acte, on indique l’endroit précis où le nouveau-né a été découvert, on n’omet pas les signes de reconnaissance que les langes peuvent contenir; mais la date reste inconnue, l’âge est approximatif : « un enfant qui nous a paru être âgé de quinze jours, de trois semaines. » Ces malheureux sont rarement plus jeunes : il faut que la mère ait pu se lever, sortir, faire une course assez longue pour dépister les recherches possibles, et ce n’est pas le lendemain du jour où l’enfant est venu au monde qu’elle est en état d’affronter tant de fatigues. La police, qui fait aujourd’hui œuvre de saint Vincent de Paul, qui recueille les enfans trouvés, les remet à la mère adoptive de tous ces êtres anonymes, à la ville de Paris; comment l’assistance publique les reçoit, les nourrit, les élève, leur apprend un métier, nous l’avons dit autrefois,


III. — LES MARIAGES.

Déjà en son temps Mercier constatait la répugnance du Parisien pour le mariage, et, dans le style à la fois emphatique et obscur qui lui était familier, il dit : « Effrayé des charges qu’entraîne le titre de mari, l’homme ne veut plus payer le tribut à une patrie ingrate ou abusée. » Et il ajoute : « La beauté et la vertu n’ont parmi