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1 élève par 142 habitans. En Danemark, en Suède, en Norvège, en Saxe, dans les cantons protestans de la Suisse, on trouve 1 élève par 6 habitans. Dans les campagnes, dit le rapport officiel, les maîtres sont rares et très mal payés. Les écoles qui existent, en fort petit nombre, se tiennent dans les locaux les moins bien appropriés, dans les vestibules ou même à côté des prisons communales (arestantskaia komnata). Dans le gouvernement de Toula, dit le rapport en français de 1872, sur 599 écoles qui s’y trouvent, 12 seulement ont un bâtiment spécial, 70 sont installées dans les locaux des administrations de bailliage, 59 dans les maisons de garde des églises, et les autres dans des emplacemens pires encore. « L’installation défectueuse de la plupart des écoles, dit le rapport, en explique l’état si peu satisfaisant, en même temps qu’elle nuit au développement ultérieur de l’instruction populaire. Des écoles mal installées, privées de bons maîtres et du matériel de classe le plus indispensable, engendrent la défiance à l’égard de l’enseignement, et il n’est pas rare que cette défiance entraîne la fermeture des écoles. Ainsi en 1871 il n’y avait pas une seule école dans le district de Tsaritsine, gouvernement de Saratof, parce que les anciennes écoles qui s’y trouvaient avaient toutes été fermées par les autorités communales, et les bâtimens vendus pour être démolis. » Il faut avouer que ce sont là des faits déplorables; mais ils s’expliquent, comme le dit le ministre de l’instruction publique, par l’exiguïté des ressources dont disposent les écoles. D’après les renseignemens fournis par les curateurs des arrondissemens scolaires, chaque école ne disposerait en moyenne que de 142 roubles, somme complètement insuffisante, puisque le minimum de ce qui est nécessaire pour l’entretien d’une école de campagne est 250 roubles. En outre la répartition des subsides est extrêmement inégale. Les écoles modèles à deux classes du ministère de l’instruction publique reçoivent chacune de 885 à 1,226 roubles, et parmi les écoles des états provinciaux il y en a qui jouissent d’allocations variant de 600 à 1,020 roubles; en revanche, il y en a aussi qui, comme celles du district de Gdovsk, dans le gouvernement de Saint-Pétersbourg, ne reçoivent que 50, 25 et même 10 roubles par an. Pour mettre un terme à une situation aussi fâcheuse, il faudrait imposer aux communes et aux provinces une dépense proportionnée à leurs ressources et à leurs besoins et surtout accorder de larges subsides sur le budget de l’état.

Il est assez difficile de dire exactement quel est le nombre des écoles primaires; il ne semble pas qu’il y ait de statistique officielle complète, car le rapport russe du prince Gagarin pour 1863 relevait dans 36 provinces, — la Russie d’Europe en compte 49, —