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de l’Irlande, traversait le canal Saint-George, puis l’Angleterre de Bristol à Yarmouth, remontait le long du littoral anglais de la Mer du Nord, coupait la pointe septentrionale de l’Ecosse et se perdait dans l’Atlantique. La ligne de 740 suivait le littoral français de la Manche, traversait la Belgique, la Hollande, et entrait dans la Mer du Nord par le Helder. Celle de 745 traversait l’Aunis, le Poitou, le Berry, la Bourgogne, la Champagne, les Ardennes, passait le Rhin vers Dusseldorf et entrait dans la Mer du Nord près de l’embouchure de l’Ems. Enfin celle de 750 passait par Bayonne, Montauban, Clermont, Lyon, Strasbourg, Francfort, l’embouchure de l’Elbe et la côte occidentale du Jutland. A Greencastle, centre de la dépression, le vent était nul, le ciel serein, la mer calme. Le vent fraîchissait sur l’isobare de 735, il était à son maximum de violence sur le littoral de la Manche, le long de la ligne de 740; nous sommes évidemment en présence d’un mouvement tournant ayant tous les caractères d’un cyclone à l’intensité près. Voyons où en sont les choses vingt-quatre heures après. Le centre de dépression s’est transporté sur le Cattégat, ayant marché de l’ouest-sud-ouest à l’est-nord-est avec une vitesse moyenne de dix lieues à l’heure, entraînant avec lui son cortège de lignes concentriques. Le surlendemain, il est à Stockholm, se dirigeant sur la Finlande; mais la dépression se comble peu à peu, ou, en d’autres termes, la pression se relève vers le centre; la rapidité du mouvement giratoire diminue, et le météore tend à se dissiper. Déjà, en comparant la situation du 27 à celle du 26, on voit que la dépression est moins accentuée, les lignes isobares plus espacées. Que si la dépression fût devenue plus considérable, que les échelons des isobares se fussent rapprochées, on aurait dû télégraphier aux riverains de la Baltique et du golfe de Finlande : « Une bourrasque menaçante s’approche de vous. » En effet, le bord méridional du météore, où la direction du mouvement tournant est la même que celle du mouvement de translation, constitue le « bord dangereux, » tandis que le bord septentrional, où la rotation a lieu en sens contraire, représente le « bord maniable. » Il s’ensuit que le golfe de Bothnie, la Suède et la Norvège n’auraient eu que des vents modérés d’entre nord et est, tandis que le sud de la Baltique, de Memel à Riga, aurait eu des vents d’entre sud et sud-ouest, soufflant en tourmente; mais, d’après ce que nous venons de voir, rien de semblable n’était à redouter cette fois.

L’expérience de plusieurs années a montré que les bourrasques marchent toujours de l’Atlantique vers le continent européen, tantôt du sud-ouest au nord-est, tantôt de l’ouest à l’est, souvent aussi du nord-ouest au sud-est. Lorsqu’on a pu constater l’existence d’un de ces météores, par exemple dans le voisinage des îles britanniques, et la direction qu’affecte la trajectoire du centre, on est en