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directeur de cet établissement rendait aux mineurs 80 pour 100 de l’argent contenu dans le minerai, déduction faite de 13 dollars qu’il leur comptait par tonne pour les frais de l’opération métallurgique. Comme particularité de traitement, on employait dans cette usine du sulfate de cuivre et quelquefois de l’acide sulfurique ou azotique. On prétendait que ces agens chimiques facilitaient l’oxydation du minerai et par suite l’amalgamation.

L’état de Nevada est assurément depuis dix ans le pays du globe qui produit le plus de minerai d’argent. En 1869, la valeur des lingots n’a pas dépassé 14 millions de piastres, mais elle était de 16 millions pendant les années précédentes, et elle a continué d’osciller autour de ces chiffres. On estime que, de 1859 à 1869, toutes les mines réunies de cet état ont fourni 135 millions de piastres, ce qui donne une moyenne annuelle de 13 millions 1/2. Aucun pays minier n’a jamais atteint ce résultat. Il est vrai que la production du Nevada ne durera peut-être pas des siècles en se maintenant à ce chiffre. Dans tous les cas, elle n’a pas diminué depuis quatorze ans, et c’est d’une petite bande de terre de 600 yards de large et de 3 milles de long qu’on a tiré les millions par centaines. En outre, n’oublions pas de le dire, il y a ici beaucoup à apprendre pour un ingénieur européen, et le district de Washoe est assurément le district minier et métallurgique le plus remarquable à visiter. Notre école des mines aurait grand profit à envoyer là chaque année quelques-uns de ses élèves sortans. Le Nevada a changé toutes les anciennes méthodes dans la métallurgie de l’argent, comme la Californie avait déjà fait pour le traitement de l’or. Ces choses ne sont pas assez connues en France, où les maîtres et les élèves ne s’inspirent encore que trop de publications naguère réputées classiques, mais demeurées aujourd’hui fort en retard. C’est ici surtout qu’on peut dire que l’indomptable énergie et l’invincible persistance du peuple américain ont réalisé des merveilles.

Les trois mines d’argent les plus productives du globe, la Veta-Madre de Guanajuato, la Veta-Grande de Zacatecas, et celle de Potosi en Bolivie (les deux autres sont au Mexique), ont donné pendant une durée continue de trois siècles, la première 800 millions de piastres, la seconde 666 (de l’année 1548 à 1832), la troisième 1,200 millions, soit 6 milliards de francs. Cela fait pour cette dernière plus de 20 millions de francs par an. Le filon de la Biscaina, à Real-del-Monte au Mexique, a aussi atteint ce chiffre, puisqu’il a donné 400 millions de piastres, soit 2 milliards de francs, dans l’espace de cent dix ans. La moyenne annuelle de la Veta-Madre de Guanajuato n’est que de 3 millions de piastres, et celle de la Veta-Grande de Zacatecas de 2 millions un tiers. Le Comstock du Nevada