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professée et suivie pendant les journées de juillet 1830, il n’hésita point à le faire. « Cette opposition nationale de quinze ans dont on vous a parlé, dit-il, ne reconnaissait pas sans doute le principe de la charte octroyée. Elle prétendait, et avec raison, que la charte devait être un contrat passé avec le pays, elle a toujours combattu le droit divin par lequel on prétendait nous imposer la charte comme charte octroyée ; mais cela n’a pas empêché l’opposition de se soumettre à la charte, ce n’en était pas moins le pacte auquel nous avions tous, et le général Lafayette lui-même, juré d’être fidèles. Je dirai plus, c’est que, si le pouvoir n’avait pas violé les sermens qu’il avait faits comme nous, s’il n’avait pas détruit cette charte, il est probable que l’honorable général serait encore député sous l’empire de cette charte, comme il l’était à cette époque[1]. »

La franchise des explications, la netteté des actes, la haine de toute équivoque et de toute arrière-pensée, étaient, dans l’opinion de Casimir Perier, le meilleur système de gouverner dans des temps de troubles matériels et de désordre moral ; il croyait que le gouvernement avait pour premier devoir de ne pas épaissir les ombres de la conscience publique par celles de sa politique, et de ne pas ajouter à la confusion des idées celle de ses explications et de ses principes. Aussi trois jours à peine s’étaient passés depuis sa nomination à la présidence du conseil des ministres qu’il montait sans provocation à la tribune pour donner des explications sur tous les sujets de la politique intérieure et extérieure, et pour appeler la lumière au secours des consciences hésitantes et inquiètes.


III

C’est le 18 mars 1831 que le président du conseil fit à la chambre des députés sa première exposition de principes à l’occasion d’une demande de quatre douzièmes provisoires rendus nécessaires par l’absence d’un budget régulièrement voté. Après avoir posé tout d’abord la question de confiance, Casimir Perier expose à la chambre ce qu’il a fait pour se présenter devant elle avec un ministère ayant au moins la force que donne une parfaite unité et ce qu’il compte faire pour la compléter à tous les degrés. Puis, passant à l’exposé de son système, il s’y montre partout fidèle aux principes du programme que nous avons fait connaître ; mais écoutons les paroles mêmes de Casimir Perier sur la nécessité de la plus entière franchise. « Nous avons confiance dans la fortune de la France, et, pour qu’elle ait confiance en elle-même,

  1. Séance du 8 mars 1832.