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rapports, le Times était complètement dans l’erreur, et c’est ce journal qui avait été spécialement signalé à mon attention,

« Toujours, mon cher Jarnac, très sincèrement à vous,

« Aberdeen.

« Je serai en ville demain, et si vous aviez quelque chosa de Paris à me communiquer, je serais enchanté de vous voir. »

(Traduction.) « Whitehall, 24 août 1844.

« Mon cher Aberdeen, je serais très fâché si M. Guizot devait agir d’après l’inexactitude présumée d’un compte-rendu des observations faites par moi dans le parlement à l’occasion de l’affaire de Taïti, et qu’en définitive ce compte-rendu se trouvât n’être point incorrect.

« La présomption de cette inexactitude, si elle n’était pas fondée, ne me laisserait d’autre alternative que de proclamer la vérité réelle.

« J’ai cherché le rapport de ce que j’ai dit, dans la chambre des communes, en réponse à une question de sir Charles Napier, publié dans le Morning Chronicle du jeudi 1er ’août. J’ai reçu des avertissemens de deux autres membres du parlement, dans le courant de la matinée du 31 juillet (le jour où l’interpellation de sir Charles Napier me fut faite), que des questions analogues me seraient adressées dès que la chambre serait réunie.

« La version ci-incluse du Morning Chronicle est, en substance, une version exacte de ce qui s’est passé entre sir Charles Napier et moi à cette occasion, et je serais fâché qu’il y eût à ce sujet aucun malentendu. Indépendamment du fait que ce compte-rendu est correct, je ne vois aujourd’hui rien à rétracter ni à désavouer dans les observations elles-mêmes.

« Croyez-moi, mon cher Aberdeen, très fidèlement à vous,

« Robert Peel. »


En dépit de sa gravité, l’incident de Taïti n’aurait guère suffi à lui seul pour produire les complications auxquelles il donna lieu, mais il survenait dans des circonstances déjà, comme nous l’avons vu, assez critiques et au milieu d’une situation européenne remplie de périls permanens. Notre révolution de 1830 avait non-seulement inquiété et éloigné de nous la plupart des cours européennes, elle avait aussi ranimé chez nous, à un haut degré, les instincts guerriers, le goût des aventures. Un parti puissant, nombreux et très démonstratif voulait la guerre pour la guerre et n’hésitait point à le proclamer. D’autres estimaient que, pour occuper et pour former l’armée, pour porter au dehors l’effort des passions qui nous minaient à l’intérieur, une entreprise éclatante contre l’étranger serait le plus heureux des événemens. Les éphémères triomphes du