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LES DERNIERS


FERMIERS-GÉNÉRAUX


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M. de Silhouette, Bouret et les derniers fermiers-généraux,
par MM. Pierre Clément et Alfred Lemoine. Paris 1873. Didier.
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On sait avec quel discernement et quelle sûreté de touche M. Pierre Clément s’est occupé, sa vie durant, de matières de finances. Indépendamment de publications de longue haleine comme les Mémoires et lettres de Colbert, où il s’est laborieusement voué à un travail d’édition et de restitution, il a donné ici même, dans des pages bien venues et d’un tour aisé, quelques études et portraits où ne manquent ni la justesse des aperçus ni l’abondance des détails. Tant qu’il a tenu la plume, il est revenu sur ces sujets qui lui étaient familiers ; elle lui est tombée des mains dans le cours du volume qui va nous occuper. Les deux premières parties, M. de Silhouette et Étienne Bouret, sont encore de lui ; la dernière, où figure le groupe des fermiers-généraux qui a précédé la révolution et en a été victime, ne lui appartient pas ; elle est de M. Alfred Lemoine, un de ses collaborateurs au ministère des finances et qui déjà l’avait aidé dans un autre travail. C’est sur cet épisode que nous insisterons avec son historien. Dans les milliers de têtes qu’abattit alors le couperet révolutionnaire, chaque classe privilégiée a eu son lot et n’a point franchi sans honneur ce pas terrible : ainsi en est-il de la noblesse, de l’armée, du clergé, du barreau, de la magistrature ; on a recueilli en face de la mort, du sein de cette élite, des actes et des mots empreints d’une grandeur antique. Dans un ordre plus modeste, la finance n’a pas montré moins de dignité et a détaché de ses rangs, même en ces jours de démence, des noms qui malgré