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Les écoles de jeunes filles n’ont pas reçu tout d’abord en Italie le même développement que celles des garçons, qui ont attiré en premier lieu l’attention du gouvernement et des hommes d’état, convaincus que c’est sur une forte éducation populaire que doivent reposer les nouvelles institutions. Cependant on n’a pas tardé à comprendre que l’on ne pouvait abandonner l’instruction des femmes dans l’état d’infériorité où elle avait été systématiquement laissée, sans compromettre l’avenir de ces mêmes institutions. Les Italiens pensent, comme nous, que ce sont les mères qui forment la famille et la société, et que le moyen le plus sûr d’élever l’intelligence de l’homme est de développer celle de la femme.

Ces considérations engagèrent la municipalité de Milan à ouvrir, dès l’année 1861, une école supérieure pour l’instruction des jeunes filles ; son exemple fut suivi par la ville de Turin, et plus tard par d’autres cités importantes. L’expérience faite dans ces écoles en prouva l’utilité, et montra qu’elles répondaient à un besoin de la population. En peu d’années, elles purent s’élever, soit par la force des études, soit par la valeur et le nombre des professeurs, au niveau des meilleurs établissemens de la Suisse et de l’Allemagne. Ces écoles publiques ont servi de modèle à des institutions privées qui concourent avec elles à maintenir dans un rang convenable l’éducation des femmes italiennes. Le nombre n’en est malheureusement pas encore assez considérable, et l’attention des conseils municipaux et provinciaux a été attirée sur ce point par les divers ministres de l’instruction publique. Ils leur ont fait remarquer que les écoles élémentaires voyaient chaque jour s’accroître le nombre de leurs élèves, et qu’il était nécessaire de leur offrir les moyens de compléter cette première éducation par des cours plus élevés. C’est ce besoin qui attire chaque année dans les écoles normales non-seulement les jeunes filles qui se destinent à l’enseignement, mais un grand nombre d’autres jeunes filles appartenant à des familles riches, qui, par goût pour l’étude, par amour de la science, y viennent chercher une instruction supérieure. Ce sont d’heureux symptômes dont il faut s’empresser de profiter.

On éprouve donc partout en Italie le besoin de créer, pour les jeunes filles des classes moyennes, des écoles professionnelles ; mais on songe aussi sérieusement à multiplier les établissemens d’enseignement supérieur semblables à ceux de Milan et de Turin, et ouverts aux jeunes filles qui, après avoir reçu une forte et complète instruction élémentaire, veulent être initiées aux parties les plus élevées de la culture intellectuelle. Les cours d’études devront embrasser, comme le demandait le ministre Bargogni dans une circulaire du 9 juillet 1869, la langue et la littérature italiennes, l’histoire et la géographie générales et la connaissance plus spéciale de